Bulgasal: le monstre qui brassait de l'air

De toutes les séries coréennes que j'ai pu regarder jusque-là, Bulgasal: Immortal Souls est de loin la plus mauvaise. Sans être catastrophique, elle se laisse suivre gentiment, mais je me suis régulièrement surprise à décrocher et à regarder mon téléphone à presque tous les épisodes. Pourquoi, me direz-vous ?

Eh bien, en dehors du fait que l'intrigue soit très mal racontée, que la plupart des acteurs ne soient pas extraordinaires et que les personnages soient mal écrits, la série ne propose aucune véritable réflexion sur son sujet et traîne inutilement en longueur.

Elle se présente, en premier lieu, comme une histoire de vengeance, de poursuite, de réincarnation et de fantastique dans une Corée où vivent d'un côté les humains et de l'autre, les monstres. Pourtant, elle n'exploite pas pleinement son aspect fantastique, malgré un bestiaire correct et une première partie située dans une Corée antique franchement plus attrayante que le monde moderne. Ce décalage est principalement dû à un manque de budget évident. La série semble au début se concentrer sur l'horreur et l'action, réussissant plutôt bien le premier point, bien que les scènes d'action soient, quant à elles, assez cheap.

Cependant, elle s'oriente rapidement vers la romance et devient prévisible, malgré de vaines tentatives de nous convaincre du contraire. Vous l'aurez compris, la série gère très mal son suspense. Hormis quelques interrogations intéressantes au début, les questions finissent par se résumer à « Qui s'est réincarné en qui ? ». Le reste du temps, elle semble ne pas savoir où elle va.

De la même manière que Lost, on a l'impression que le début a été écrit d'une seule traite et qu'à partir de l'épisode 4 ou 5, tout n'est qu'un raccommodage maladroit. De nombreux éléments ne sont jamais expliqués et restent flous, des règles sont inventées sans qu'on sache vraiment si c'est pour enrichir l'univers — ce qui, de toute façon, ne fonctionne pas —, et chaque élément de l'intrigue semble amorcer quelque chose sans jamais aller au bout de ses idées. Au final, on est laissé en plan, comme si les scénaristes redoutaient de prolonger la série. Ils cherchent à être complexes, sans en assumer la durée.

Même les personnages sont très peu développés et évoluent à peine, à l'exception de leurs relations (et encore). L'intrigue nous livre tout ce qu'on doit savoir sur le héros dès le début, si bien que durant le reste de l'histoire, il devient aussi creux que le puits dans lequel il veut enfermer son ennemi. Il oscille simplement entre haine et raison avec une expression constamment impassible, censée traduire un dilemme intérieur mais qui le rend juste ennuyeux. Même lorsqu'on en apprend un peu plus sur sa vie pendant ces 600 ans, ces informations sont distillées au compte-goutte et servent souvent plus à développer un autre personnage. En résumé, cette série donne une impression globale de brassage d'air.

Je ne pourrais même pas dire que cette série avait du potentiel, car des séries coréennes traitant de la réincarnation, il en existe bien d'autres, 100 fois mieux réalisées. En réalité, la seule chose qui distingue cette série est son bestiaire de monstres. On aurait pu en faire une simple série d'horreur située dans la Corée antique, mais non : on a droit à une histoire de vengeance ridiculement compliquée, avec une romance insipide et un personnage principal qui n'a pas évolué en 600 ans.

Comme je l'ai dit, cette série reste tout de même regardable, principalement grâce à son méchant. Mais c'est tout.