Une de mes séries les plus coup-de-coeur. Je crois qu'il est temps que je vous en parle.
C'est l'histoire de Michael, l'un des meilleurs espions de la CIA sur le terrain qui du jour au lendemain se retrouve sur liste noire ("burn notice") sans comprendre pourquoi. Il se retrouve parachuté dans sa ville natale, Miami. Ses comptes en banque sont bloqués. Ses anciens patrons et collègues refusent de lui parler. Il va chercher à comprendre qui l'a grillé et pourquoi, tout en accomplissant de "petits boulots" pour des gens dans le besoin et qui ne savent vers qui se tourner.
Pour l'aider, une ex-copine ex-IRA spécialisée dans les explosifs, dingue de la gâchette et reconvertie en chasseuse de primes/tranfiquante d'armes, ainsi qu'un Navy Seal à la retraite spécialisé dans les interrogatoires, au carnet d'adresses bien rempli dans les milieux judiciaires, amateur de bières et de couguars pleines aux as, et incarné par un Bruce Campbell ("Ash" dans Evil Dead) au sommet de sa forme. Ah oui : et aussi la maman du héros, fumeuse invétérée et adepte de l'aqua-gym, campée par Sharon Gless ("Cagney" de Cagney & Lacey).
C'est une série typique client-de-la-semaine, où le "client" vient en désespoir chercher les protagonistes parce qu'il ne sait généralement plus vers qui se tourner (coucou A-Team), qu'il soit question de chantage, d'arnaque, de kidnapping, de vol ou de toute autre menace, et où les héros vont se servir de leurs compétences et de leur entraînement hors du commun pour s'infiltrer parmi les bad guys et faire en sorte qu'ils se confondent eux-mêmes, que ce soit en sabotant leurs opérations ou en les tournant les uns contre les autres.
L'intérêt de Burn Notice, pour moi, c'est d'abord son côté roublard et bon enfant. Le héros vient régulièrement expliquer en voix off ce qu'il est en train de faire et pourquoi, comme s'il nous le racontait à l'oreille, des années plus tard au coin d'un bar, avec des métaphores éloquentes un recul amusé, parfois en se moquant gentiment du genre lui-même. ("Négocier avec un génie du mal, c'est comme jouer aux échecs contre un maître. Négocier avec des petits criminels, en revanche, c'est comme jouer aux dames contre un enfant de 5 ans : ils adorent changer les règles.") Mais le deuxième intérêt, c'est que tout ce qui est expliqué est authentique et "vérifiable" — dans l'éventualité peu probable où l'on puisse se trouver dans telle situation. En effet, le showrunner, Matt Nix, s'est adjoint les services d'un véritable espion comme consultant sur la série !
Les épisodes sont tous construits de la même façon — c'est normal, c'est du pulp. Michael tente de faire progresser son propre arc narratif ("je veux trouver qui m'a grillé, laver mon nom et revenir à la CIA"). Il est interrompu par le client qui vient demander de l'aide à un moment inopportun. Michael veut refuser mais ne peut pas (ce serait cruel / on doit un service à quelqu'un / on a vraiment besoin de pognon en ce moment). On repère l'ennemi. On s'informe sur lui. On fait des plans. On infiltre. Le client est pressé par le temps. On lui explique le plan et on le rassure. L'arc narratif vient jouer au chien dans un jeu de quilles. On s'adapte. L'infiltration se passe d'abord bien. Mais très vite, quelque chose se passe mal, et la situation devient pire qu'avant. Le client panique/s'énerve. Michael dit : "faites-moi confiance". On improvise quelque chose grâce à un super entraînement / un super esprit d'équipe / un super instinct de survie. La situation se dénoue finalement mieux que prévu. L'arc narratif progresse. L'épisode se termine sur un cliffhanger.
Vous allez me dire : "mais alors, c'est cliché ?" Oui et non. Comme je l'ai dit, c'est du pulp : on va forcément taper dans des tropes bien connu. Mais quand un gros cliché survient, c'est généralement soit pour s'en moquer, soit pour le démonter. ("Le monde du crime a sa propre culture et sa propre hiérarchie : c'est un monde où les braqueurs de banques sont les rock-stars, où les arnaqueurs sont les snobs, où les voleurs de bagnoles sont les travailleurs en col bleu et où les perceurs de coffre-forts sont les artistes.") Ainsi, ce n'est pas tant de cliché qu'il est question, mais de genre savviness et de teaching by experience.
Dans Burn Notice, l'infiltration et la conspiration se mêlent à des scènes d'action spectaculaires, sans jamais verser dans les scènes de tueries ou de violence gratuite — que les héros vont d'ailleurs mettre un point d'honneur à éviter. On va plutôt se centrer sur les bricolages didactiques (coucou MacGyver) et les artifices appliqués. En revanche, courses de voitures mémorables et explosions en tout genre sont souvent au menu. Il y a clairement un gros budget cascadeurs, ferrailleurs et artificiers.
Qu'on soit bien d'accord : Burn Notice n'est pas un chef-d'oeuvre absolu. Elle est pleine de petits défauts. Tout son intérêt réside dans sont ton divertissant, roublard, dans ses personnages attachants et dans ses intrigues aux dénouements jouissifs. Pour cela, c'est une des rares séries que j'aime me refaire une fois par an.
Bémol : la série saute le requin à partir du milieu de la sixième saison.