Un drame psychologique qui plonge dans le milieu bourgeois du Canada au 19è siècle, époque où la haute société aimait à se targuer de son statut social par son nombre de domestiques à sa botte. La retranscription de ce milieu de vie est proprette, excepté l’assassinat, supposé ou réel (et tel est le fil rouge de l’intrigue) d’une gouvernante et du maître de maison perpétré par Grace Marks, une servante magnifiquement incarnée par l’actrice principale Sarah Gaddon.
Honnêtement son jeu, autant que sa beauté, est époustouflant : on ne la quitte pas des yeux, on ne se lasse pas de l'écouter. La façon dont l'histoire est creusée, alternant entrevue intimiste avec le psychologue, récit d’un passé agité et intériorisation de monologues détaillés, font de l’actrice une envoutante narratrice dont on suit avec délice la rétrospection. Il n’y a pas à dire, à chaque fin d'épisode vous aurez envie de connaitre la suite, qui est distillée avec juste ce qu’il faut de rythme, doux et progressif.
La force (ou la faiblesse) de la série réside dans sa volonté manifeste de laisser le spectateur plongé dans une confusion.
Coupable qui arrive à duper son entourage sous des airs innocents ? innocente malmenée par la destinée qui dément son verdict ? ou encore psychotique ayant agi inconsciemment sous couvert d’un trouble de la personnalité ?
L’histoire est si finement racontée sous différentes coutures qu’il est impossible de savoir avec certitude. À ce titre, le premier monologue de Grace devant le miroir reprend les multiples facettes de l'héroïne, fussent-elles vraies ou simplement imputées. L’héroïne est si ambivalente qu’on ne sait où tourner de la tête. On démêle difficilement le vrai du faux : alors les interprétations foisonnent et le doute est encore plus prégnant. Je trouve que cela contribue nettement au charme de la série, même si je comprends que cela puisse en laisser d’autres sur leur faim, notamment s'agissant du dernier épisode, où l'on s’attend à une étincelle, une surprise finale mais qui hélas ne verra jamais le jour, et scelle assez étrangement le sort de certains personnages.