Déjà la série s'avère magnifique, baigné une douce lumière naturelle, très picturale modèle huile sur toile qui très souvent éclaire délicatement l'immarcescible Sarah Gadon, qui pourrait se mettre pour ma part à lire les Pages Jaunes de la Drôme que je resterais subjugué pendant des heures, que dis-je des mois entiers. Ce qui me renvoie au seul point presque négatif de la série, l’héroïne Grace Marks (Sarah Gadon) possède une trop grande éloquence et un idiolecte qui jurent avec l'extraction prolétaire du personnage ainsi qu'à son statut de prisonnière de longue date qui n'a pas pu s'exercer à l'art de la conversation.
L'histoire de cette servante pas encore écarlate, peut sembler familière pour certains lecteurs, amateurs de l'époque des frangines Bronté et autre Flaubert, mais elle se déroule avec force de nuances, sans appuyer trop à fond les rapports de sociaux de sexes et économiques de l'époque tout pourrave, enfin pire que maintenant... La grande Histoire restant terrée dans la pénombre de ce clair-obscur en évoquant la rébellion William Lyon Mackenzie pour juste politiser légèrement le bras armé du/de la meurtrier/e.
L'intrigue peut sembler bien souvent en retrait, tant mieux, car point de policiers, de fins enquêteurs à la recherche d'indices, sa condition et son genre ont déjà condamné notre héroïne, mais bien un proto-psychiatre, un aliéniste Dr. Simon Jordan (Edward Holcroft), qui cherche à comprendre et n'a pas toutes les réponses.
La dernière partie pourra sans doute perturber, par son ambiguïté, sa fausse simplicité, mais elle reste gravé à l'intérieur de notre boite crânienne, profondément dans l'os, bien à vif.