Vous avez un petit vague à l'âme ce soir. Après avoir passé la journée allongé sur votre lit à faire la sieste, vous n'avez pas toujours faim, mais le petit être pavlovien que vous êtes est tellement habitué à son comportement phagique que vous décidez quand même de vous mettre en route pour le U express du quartier. Dans la rue, vous vous étonnez de ne pas reconnaître un seul visage, de croiser toutes ces personnes qui vous sont inconnues malgré le fait que vous partagiez le même lieu de vie. Ça vous donne envie de pleurer car la personne romantique que vous êtes rêverait d'une connexion permanente entre les humains. Vous continuez votre chemin les larmes aux yeux, puis vous voyez au loin que le SDF bourré du coin est planté devant le magasin et demande des pièces aux clients, ce qui vous gêne car vous savez que vous n'allez rien lui donner et du coup vous n'avez plus envie de pleurer et vous prenez votre téléphone pour vous donner une contenance quand vous ne répondrez même pas par un regard à ses appels lors de votre passage. Une fois dans le magasin, la douce musique des bips de la caisse brisant le silence partagé entre les clients vous redonne le goût à la mélancolie. Maintenant, qu'allez-vous décider de manger ce soir pour vous réconforter ? Inconsciemment vous vous dirigez vers le rayon pâtes car tout le monde sait pertinemment que dans ces cas extrêmes le seul remède est une portion de coquillettes Panzani. Non sans sauce tomate, ça dénature tout. Juste un peu de margarine car le beurre c'est mauvais pour votre corps, les vaches et la planète, et du sel. Malheureusement pour vous les délicieux donuts Milka sont fraîchement décongelés et entreposés près de la caisse. Évidemment il n'y a que des paquets de 4. Vous les prenez sans même vous sentir coupable malgré le fait que vous soyez intolérant au gluten et que vous sachiez très bien que vous allez péter toute la nuit et chier en spray pendant 3 jours, mais tant pis ça vous fera du bien.
Bon bah voilà, cette série c'est une assiette de coquillettes.
C'est doux. C'est confortable. C'est une ode à la banalité. Une invitation à s'émerveiller de la beauté du quotidien (les "moments de grâce" évoqués par la douce NKM....).
Et le plus surprenant dans tout ça c'est que ce soit une production de ces connards de chez Netflix. Parce que pour une fois y'a une véritable vision d'auteur du truc. On a un concept qui est exploité jusqu'au bout avec des vraies prises de risque (les épisodes sur les objets trouvés, sur le surf). Bravo à ces connards de chez Netflix pour ça. Ça mériterait presque plus d'épisodes.