Castlevania (2017) est une série d’animation américaine basée sur la série de jeux vidéo japonais éponyme, en particulier le troisième opus, Dracula’s Curse, sorti en 1989 sur NES —auquel je n’ai jamais joué. Si on peut penser qu’il s’agit là d’une tentative un peu minable de Netflix de surfer sur la vague de rétro gaming de ces dernières années et capter facilement la communauté des Castlevania, force est de constater que pas mal d’efforts ont été mis dans la série. Et pour cause, il s’agit d’un projet relativement ancien récupéré par le géant américain, écrit par le génial Warren Ellis (Transmetropolitan). En soit, le projet est extrêmement intéressant, puisque Castlevania est une ré-imagination japonaise des films d’horreur Hammer américains. Sa réadaption américaine bouclerait donc la boucle. Super !
Pour autant, cette série souffre d’importants défauts… l’écriture n’étant pas l’un des moindre !
La saison 1 ne m’avait laissé que peu de souvenirs. En regardant la saison 2, je comprend mieux pourquoi.
Que se passe-t-il durant cette seconde saison ? Durant les 6 premiers épisodes, soit 2h : Le trio Alucard/Trevor/Sypha trouve la cave des Belmont et la cour de Dracula conspire contre lui. Et c'est tout. Certes, les intrigues de chateaux sont intéressantes, mais en définitive elles auront un impact très négligeable sur l’histoire. Tout se décante brutalement dans l’avant dernier épisode, si brusque dans sa résolution qu’on a presque l’impression de s’être fait tromper. Quant au huitième et dernier épisode, putassièrement intitulé « La Fin des temps », il ne s’agit que d’un épilogue lent et sans véritable enjeu servant à annoncer une troisième saison.
Comment expliquer de telles faiblesses de la part d’un auteur culte ? La seule explication que je peux imaginer est un problème d’adaptation du scénario de Warren Ellis, soumis à un cahier des charges très strict imposé par Konami et surtout initialement pensé pour un film. Netflix ayant exigé une série, la durée a triplé, mais le contenu est resté globalement identique —de l'aveu même d’Ellis—. D’où ce manque de substance.
On retrouve malgré tout la patte d'Ellis, dans sa vision cynique et misanthrope de l'humanité —surtout dans la première saison—, que j'évoquais déjà dans Transmetropolitan : les humains sont des connards, mais il faut se battre pour les protéger.
De plus, ce qui n’a pas été mis dans l’histoire l’a été dans le développement des personnages. On en compte huit principaux dans cette seconde saison, et tous sont bien développés, avec des personnalités uniques et des backgrounds intéressants. Dans l’absolu, c’est très bien, même si les autres vampires, malgré de bons designs, n’ont pas même une ligne de dialogue. Mais comme pour tout, c’est une question d’équilibre. Si dans beaucoup de films et séries l’histoire avance au détriment de la construction des personnages, l’excès inverse n’est pas mieux.
Autre problème : on parle sans arrêt de la guerre que livre Dracula à l’humanité. Sauf que rien dans la série ne ressemble à un guerre. On a bien la destruction d’une petite ville dans la saison 1 et le début d’une attaque dans la saison 2, mais cela ressemble plus à des raids éparpillés. Il y a un soucis d’ambiance, et on a bien du mal à croire à cette destruction imminente de l’humanité.
La direction artistique de la série est magnifique, avec d'excellents designs —Dracula et son chateau sont impressionnants et très fidèles en particulier à Symphony of the Night—, des couleurs travaillées et de beaux jeux de lumière. Seule ombre au tableau : l’animation est parfois saccadée, on a alors l’impression que les personnages sont animés à six images par seconde. Une fois qu’on l’a remarqué, difficile de passer outre.
À l’inverse, le design sonore est raté. Les bruitages et la musique —des reprises fades de celles du jeu, autrement plus iconiques— paraissent souvent distants et étouffés. Ça manque de mordant, allant parfois jusqu’à tuer les rares moments de tension. Mine de rien, le sound design, c’est important !
Bref, ce Castlevania manque cruellement d’épaisseur au niveau de l’histoire ainsi que de souffle épique. J’imagine que cela décevra beaucoup de fans des jeux, même si pour autant tout n’est pas à jeter. Les personnages sont étoffés et l’image est belle. Ça reste, malheureusement, un peu léger. Je pense que le projet initial de film aurait pu être autrement plus réussi. Dommage !