Quand on se dit qu'une mini-série aurait gagné à être plus courte c'est qu'il y a un petit problème, non?
Pourtant ça m'avait l'air prometteur; plus que les noms de George Clooney ou de son comparse Grant Heslov, c'est celui de David Michôd (Animal Kingdom, The Rover) qui m'a attiré.
On suit donc l’itinéraire de Yoyo, un soldat déjà réticent à se battre au départ et qui va carrément tout tenter pour se faire rapatrier quand il va voir ses potes se faire dézinguer les uns après les autres.
Forcément, on a droit à quelques scènes assez savoureuses vu que le mec va pondre des stratagèmes plus fous les uns que les autres pour s’échapper au point de faire des trucs totalement paradoxaux pour s'en sortir. De plus, le gars aura affaire à un supérieur hiérarchique un peu sadique qui ne cessera d'augmenter le quota de missions, de quoi lui rendre la tache encore plus compliquée.
L'un des problèmes, de la série découle du fait qu'elle devient assez vite prévisible: Yoyo élabore un stratagème, ça marche pas, le nombre de missions augmente et du coup tout est à refaire. Certes, chaque tentative a des répercussions, notamment sur le sort des autres soldats mais comme on a à peine le temps de se familiariser avec eux, on s'en fout un peu. McWatt par exemple, ce n'est que dans l’épisode ou il disparaît qu'on le voit vraiment, avant ça c'était juste un soldat lambda (accessoirement pote du héros).
A coté de ça il y a ces sous intrigues pas super bien traitées censées servir de caution «critique du capitalisme américain» et qui s'articulent autour du personnage de Milo Minderbender et de son Syndicat, une sorte de World Company à la sauce deuxième guerre mondiale. Elles sont peu crédibles; le mec est au départ un simple soldat et il finit par faire du business around the world avec je ne sais quelle famille royale de je ne sais quelle principauté européenne, des sultans arabes et même l'ennemi boche. Vilain capitaliste! Vraiment sans foi ni loi! Et lui il dit juste:
You know it belongs to the syndicate, we're all part of the syndicate
. Oui oui on a compris, pas besoin de le dire vingt fois. Ce sont peut-être des trucs qui se sont réellement passés à l’époque mais en l’état ça n'a pas l'air crédible une seconde.
Ces digressions foireuses mises à part, il y a aussi le problème du ton de la série qui essaye d'alterner entre le grave et l'absurde (on a l'impression qu'il y a une inspiration Coen derrière tout ça, la subtilité en moins) voire l'humour potache (une histoire de testicules assez rigolote).
Malgré tout, la série tient la route; elle propose un protagoniste principal intéressant tantôt sympathique tantôt méprisable (par sa lâcheté extrême et ce qu'elle le pousse à faire). Et puis mine de rien, certaines répliques sont bien trouvées. Dommage qu'elle soit inutilement rallongée par toutes ces démonstrations poussives censées témoigner d'un regard lucide sur la situation de l’époque.
Permettez-moi de finir avec cette réplique poilante qui me reste en tête:
You know the difference between you and me?
You, worry, worry, worry, dead.
Me, happy, happy, happy, dead.