Aussi bien adaptée que possible, l'adaptation en série de Cent Ans de solitude transpire une volonté de sincérité, un goût pour les personnages de Garcia Marquez et leur tragique. L'ensemble est très beau (c'est un peu pénible, à force, cette esthétique omniprésente des séries contemporaines - belles lumières, pantone impeccable, casting nickel, belles matières, mais passons).
Mais alors que la version originale parue en 1967 est tissée d'un rapport au temps fondamental, la série nous dépossède nécessairement de notre propre rapport au récit (on nous donne à voir), de la progression de notre intérêt, d'un attachement personnel aux drames et à à la fantaisie. L'ensemble est bien mené, avec régularité. Mais nécessairement, l'exercice est périlleux : vite vite, il faudra faire entrer six générations en huit heures de série, de multiples destins individuels entrelacés à l'histoire d'un village, d'un pays. On voudrait s'attacher à ce jeune enfant qui grandit, à cette petite fille qui est bientôt mariée, enceinte. Mais il y a aussi les deux soeurs, telle intrigue, tel personnage secondaire - et le frère disparu, hein? On y pense au frère disparu?
Pour toucher à l'essentiel plutôt qu'au divertissement, il faut lire Cent ans de solitude.