Saison 1(25 premiers épisodes)
10/10
Chiahayafuru est semblable à l’écarlate des feuilles sous un soleil d’automne: rare, fugace et magnifique.
Elles nous racontent l’histoire d’un lien indéfectible, l’aura d’une passion née sous une promesse magique,
Celles de trois enfants, réunis dans les dernières frondaisons comme des fleurs en joie, à l’appel d’un jeu: le Karuta.
Le Karuta, des poèmes sous un sport, où deux joueurs, guidés par la mélodie des vers, doivent retrouver leur chemin dans un dédale rectangulaire.
Une aventure de cinquante trésors, où vingt-cinq découvertes séparent le champion du défait.
Psychologie, mémoire et stratégie, chaque force se mêlent dans un match où l’instant porte la marque absolue de la victoire.
Admirez, lorsque sous la justice des genres, hommes contre femmes, mais aussi jeunes perles contre vieux chênes s’élancent dans une bataille périlleuse,
Où à travers les hymnes obscurs, l’amour perdu de jadis éclate les siècles pour voler dans des coeurs ignorants mais purs,
Où après l’aveu d’un silence, l’ode muette des cartes glisse devant la prouesse d’une main audacieuse.
Psychologie, mémoire et stratégie, l’âme des poèmes se révèle être le plus grand pouvoir, éblouissant comme un ostensoir.
...
...Oh pardon je suis sensé écrire en cartésien?
Eh bien pourquoi passer à côté d’une série dont le manga a reçu le prix Manga Taishou et du Kodansha Manga Awards? Ajoutons un accueil tout aussi probant auprès de la communauté occidentale, que ce soit sur Senscritique en général ou bien dans d’autres communautés du net.
Chihayafuru, au dynamisme impeccable, toujours vivant, avec un côté parfois certes trop sensitif mais retombant toujours dans la maturité avec ses personnages attachants.
De par une maîtrise parfaite de ses producteurs de chez Madhouse sur quasiment tous les plans, et avec une hybridité qui brise le carcan de l’étiquette, Chihayafuru n’est pas un un animé ordinaire.
Peu innovant, mais tellement réussi malgré une histoire encore incomplète. Oui, le manga est toujours en cours et honnêtement il est probable que l’histoire se perde en cours de route et s’épuise comme bien souvent . En attendant, ces 24 premiers épisodes offrent une expérience entière et je ne peux que vous le recommander.
Le plus simple reste d’essayer.
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Saison 2(26-50)
8/10
Je n'ai pas réussi à écrire une critique sans spoilers pour cette deuxième saison. Ne lisez pas la partie qui suit si vous n'avez pas fini les épisodes 1-25 de la deuxième saison.(26-50 au total)
Après presque un an d’absence, la suite de Chihayafuru débarque et autant dire que cela commence par une bonne surprise tant la transition entre l’ancienne saison et la nouvelle ouverture se passe sans ambages: on replonge directement dans l’aventure auprès de Chihaya, Taichi et les autres gagas de Karuta. Voilà de quoi rassurer les fans, Madhouse n’a visiblement pas perdu ses repères et a eu même la bonne idée de commencer par l’introduction de Sumire, afin de ne pas trop déboussoler le nouveau public potentiel.
Sumire et Tsukuba sont deux nouveaux élèves de Mizusawa et rejoignent les rangs des personnages récurrents. Intéressants mais certainement pas assez pour porter à eux seuls le rythme frénétique des premiers épisodes, ils doivent composer avec une Chihaya toujours aussi proéminente, et un peu plus mature, avant de disparaître de l’avant-scène dès la fin du premier tournoi.
Chihayafuru et l’une de ces séries où il y a tellement de personnages captivants qu’il devient difficile de satisfaire tout le monde. Les fans d’Arata ont été les grands délaissés de la première saison et ils peuvent se réjouir(avec modération) car sa présence se fait plus importante au fur et à mesure que les épisodes progressent, tout en gardant néanmoins son statut du «Dieu caché du Karuta», toujours dans le distant et idéalisé.
Taichi lui n’a plus autant de temps d’écran qu’à l’accoutumée mais parvient encore à monopoliser les temps forts avec des matchs tactiquement intéressants et une «évolution» qui continue son bout de chemin, aussi émo que vibrante. A moindre échelle, Desktomu s’impose ponctuellement par sa maturité tandis que Kanade, toujours rafraîchissante apporte autant que possible son lot de sentimentalité(et d’humour) dans un sport toujours aussi compétitif. En dehors des membres du club, Shinobu gagne en consistance tandis qu’Harada sensei manque cruellement à l’appel lors du tournoi entre les différentes écoles du Japon.
Parlons-en de ce tournoi. Lors de la première saison, il avait duré trois épisodes: un pour le tournoi en équipe, deux pour les matchs individuels. Lors de la saison 2, nous passons à... onze épisodes, pour le tournoi en équipe, et ensuite quatre épisodes pour les matchs individuels, autrement dit deux tiers de cette seconde saison sont consacrés à un seul événement, ce qui rompt profondément la dynamique observée jusque là dans Chihayafuru. La décision, du mangaka, n’est pas anodine et se comprend dans sa globalité: la progression dans l’arbre du tournoi pour les matchs en équipe est retracée étape par étape et s’intensifie jusqu’à la grande finale, un match de trois épisodes complets.
La structure pour le tournoi s’avère pertinente mais pose plusieurs problèmes. D’habitude dans Chihayafuru, des épisodes d’intermissions permettent au spectateur de souffler un peu et laissent une place plus importante aux relations entre personnages. Or ce tournoi en équipe se vit comme un marathon et l’on passe d’un match à l’autre sans véritables pauses. Un procédé risqué qui ne peut réussir qu’avec des matchs haletants de bout en bout...
... malheureusement c’est là que les ennuis arrivent: au risque de me faire déchiqueter(ô pour toi public), le Karuta n’est pas le jeu le plus passionnant à regarder. Il ne l’a jamais été d’ailleurs, ce qui rend les matchs de Chihayafuru intéressants à voir sont ses joueurs. Et là vient le deuxième problème: Chihaya. Chihaya n’est pas à remettre en question en tant qu’héroïne principale mais fonctionne trop simplement dans ce cas-ci: elle est douée, le jeu de ses ennemis la déconcertent, elle se reprend, elle gagne(ou pas). Une manière de jouer simple(très «shônenesque») qui compose la majeure partie des matchs tandis que les autres membres de Mizusawa ont de trop brèves apparitions pour apporter une variété nécessaire aux épisodes. Bizarrement, la finale s’avère bien meilleure lorsqu’elle se voit accompagnée de Taichi, au coeur de la mêlée, et de Nishida.
Entre parenthèse, cette finale est également au-dessus du reste de mon point de vue car le jeu d’équipe entre Taichi/Nishida comporte de l’implicite(expliqué après-coup). C’est tellement rare de ne pas voir à chaque carte la réaction et les explications d’une dizaines de personnes, histoire de bien couper l’élan. Le match de la finale entre Taichi et Nishida de la première saison était dans la même veine, un rare match où plusieurs cartes se déroulent sans interruptions. Cette façon plus «mature» de raconter les matches est toujours une joie à regarder.
Manque de chance, les adversaires de Chihaya ne viennent pas aider à renverser la balance. Les opposants des premiers matchs sont vites oubliés. Arrivée en semi-finale, la voilà opposée à Megumu, même style de jeu. Voilà la finale! Rion, même style de jeu. Les échanges ont beau être palpitants, il manque un petit quelque chose pour briller.
Enfin deux véritables tortures dont Madhouse aurait quand même pu nous épargner: un épisode recap en plein milieu de cette course au pas d’Hercules, et un flashback de Megumu narré par trois andouilles à l’unisson, ponctué par les braillements de leur professeur, bref une horreur.(un peu de jugeote nom de Dieu!)
Dès la fin de cette très longue journée de tournoi, on repart en vitesse croisière, avant de re-trébucher maladroitement(encore un récapitulatif de 4 minutes au milieu de l’épisode 20), pour enfin plonger dans la dernière ligne droite, du très bon Chihayafuru qui se termine trop vite, et qui aurait mérité un peu plus de Desktomu quand même.
Le dernier épisode s'emploie quant à lui à mettre en place une attente insoutenable pour le spectateur. Comme s’il avait pris du retard sur son planning, Cupidon(accompagné d’Eris) décide de mettre les bouchées doubles pour la finale: Chihaya est on ne peut plus ambigüe concernant Arata, Taichi est le friendzoned de l’année et même Kanade ne peut plus rester passive devant ce triangle.
Chihayafuru reste Chihayafuru et possède une dynamique trop solide pour être véritablement gênée par un milieu de saison faiblard. Le casting continue à s’enrichir avec Sakurazawa Midori ou même Rion, et Yuube(un miracle si on la revoit plus de cinq minutes). Avec Arata potentiellement futur challenger au titre de Maître et Taichi qui de toute évidence cache un mode Super Saiya Jin en lui, la suite s’annonce on ne peut plus intéressante. Je suppose(j’espère) que Taichi ne va pas tomber dans la mentalité «je dois être le meilleur au Karuta pour conquérir Chihaya»(ce serait simplement ridicule), il ne lui reste donc pour autre choix que de se conquérir lui-même.
En attendant une éventuelle suite, il faut compter plusieurs années et espérer que Madhouse puisse encore se permettre de produire une série peu lucrative, un OVA est prévu pour milieu septembre. Il ne reste plus qu’à espérer, et au pire continuer avec le manga.