Chiko : L'Héritière de Cent-Visages par Ninesisters
Nijuu Menso no Musume a beau sortir tout droit des studios Bones, elle n'a pas connu un franc succès auprès du public international. Même si je suis le premier à reconnaître qu'elle n'est pas parfaite, elle ne mérite pas pour autant un tel dédain. Ne serait-ce car, techniquement, nous sentons qu'un grand studio a œuvré derrière : il n'y a rien à redire, c'est fluide, les designs sont agréables avec un aspect old school appréciable, et il y a une véritable recherche dans le background.
Tout commence comme une grande série d'aventure absolument trépidante, une sorte de mélange entre Allison to Lilia et Lupin III, avec des petits relents d'enquête policière. Le réalisateur Nobuo Tomizawa a justement travaillé sur Lupin III et Sherlock Holmes (Meitantei Holmes), et cela se sent. Chacun des épisodes est passionnant, entre le quotidien étonnant de Chizuko – rebaptisée Chiko par sa nouvelle famille – et surtout des méfaits impressionnants ; c'est bourré de bonnes idées, un véritable régal.
Seulement ça, ce n'est valable que pour le premier tiers de la série.
Ensuite, nous passons à autre chose, à d'autres histoires bien différentes. L'ensemble se tourne vers le passé, vers l'héritage d'une série d'expériences réalisées pendant la guerre et qui refont surface alors que tous voudraient les oublier, à la manière de Tetsujin 28-go.
Alors ces arcs ne sont pas mauvais en soi, ils sont même parfois passionnants, mais... Non, désolé, cela n'arrive pas à la cheville du début de l'anime en matière de péripéties, d'inventivité, de bonne humeur, et surtout d'aventure. C'est terriblement décevant. A chaque instant, j'espérais que Nijuu Menso no Musume reparte dans les mêmes voies que le début, mais je savais que c'était peu probable.
Le plus tragique dans tout cela, c'est que si le spectateur peut s'ennuyer par manque d'aventure, l'héroïne aussi. Parfois, il s'agit même de la seule série où l'héroïne s'emmerde autant que le spectateur. Ce n'est pas difficile : si Chiko se fait chier, nous aussi car cela signifie qu'il ne se passe pas grand chose, du moins rien qui vaille le premier arc.
N'allez pas croire que cela se transforme en tranches de vie ou je ne sais quoi : il y a de l'action malgré tout, mais le spectre des premiers épisodes est là pour nous montrer que nous avons un titre bien loin de son véritable potentiel, et qui de série palpitante s'est transformé en quelque chose de plus soporifique. Pourtant, le scénario reste bien écrit, ce sont juste ses thèmes qui peinent à captiver.
Un des points forts de la série reste certainement les personnages, en particulier le calme et un peu poseur Nijuu Menso, et surtout Chiko. Voilà une héroïne comme je voudrais en voir plus souvent : malgré sa jeunesse, elle est courageuse et brillante, même charismatique car elle possède une grande maturité, du fait des expériences qu'elle vit tout au long de la série. Elle est loin de l'héroïne pleurnicharde, naïve, maladroite, ou simplette qui pullule dans de trop nombreux titres, et cela fait un bien fou de suivre les aventures (même quand elles manquent de piquant) d'un personnage aussi attachant et détonnant.
Il n'y a qu'au niveau de certains de ses choix qu'elle m'a un peu déçu, surtout vers la fin.
Nijuu Menso no Musume, un anime qui aurait pu être passionnant et original s'il avait continué dans sa logique du début, mais qui finalement n'est qu'un titre seulement sympathique et plaisant à regarder ; il souffre de proposer sa meilleure histoire dès le début et n'arrive jamais à remonter la pente, provoquant un certain ennui à la fois chez le spectateur, et chez le personnage principal (ce qui est assez ballot). Alors c'est bien fait, il y a d'excellents moments (surtout au début), mais cela reste malgré tout une légère déception.