Je ne regarde jamais de séries. Certainement à tort. J'ai toujours pensé que le format hautement chronophage et les hordes de téléspectateurs au regard vide, la bave suintant au coin des lèvres en attendant l'épisode enfin tant espéré où Jason va se déclarer auprès de Brenda avaient un effet des plus rébarbatif.
Mais ça, c'était avant.
Il est de ces journées moroses et tristes où un désir de légèreté se fait ressentir, comme l'envie des fraises à la chantilly le jour du cassoulet à la cantine ; et quand ce n'est pas la saison des fraises, on se rabat sur Senscritique. Et c'est là qu'en traînassant un peu, j'ai découvert LA série en question.
Alors on commence, doucement, un peu sceptique, on esquisse quelques sourires timides devant ces nouveaux personnages, certes stéréotypés mais tout de même percutants. Vingts minutes, c'est très court, alors on continue, on lance un nouvel épisode, puis un autre, et un autre, et un autre.. Les sourires timides deviennent des rires discrets, les rires discrets des éclats francs, et à la fin, on s'asphyxie devant son écran en priant pour que personne n'entre dans la pièce à ce moment gênant où on ressemble à s'y méprendre à une loutre asthmatique.
Car oui, on s'attache très vite à Greendale College et à ses personnages qui s'éloignent au fur et à mesures de leurs moules d'origine pour se singulariser et acquérir leur propre griffe. On découvre alors le véritable fond de la série : la parodie, car ce qui fait que Community est Community, c'est son humour et son omniprésence des références populaires à la culture américaines par l'intermédiaire des épisodes à thèmes ou le biais du génialissime personnage d'Abed (Asperger représente). Chacune de ces péripéties devient exclusive, et rares sont les intrigues sans le « petit truc » en plus qui me font m'exclamer une dizaine de fois par épisode « Mais c'est brillant ! ». Bien sûr, je ne vous cache pas que mon inlcuritite aiguë ne me permet pas de comprendre l'intégrité des références employées, et il me faut parfois omettre certains de ces renvois à la pop-culture américaine on ne peut plus obscures aux yeux de pauvres européens tels que moi. Je comprends donc aisément que l'on puisse qualifier la série d'élitiste, cependant la fréquence de ces références absconses aura tendance à régresser au cours des saisons pour le plus grand plaisir des abrutis (dont je me revendique bien évidemment membre).
A mon sens, toutes les petites imperfections de la série sont largement compensées par ses personnages, principaux comme secondaires, tous plus jubilatoires les uns que les autres, (le simplet Troy, le débonnaire Dean Pelton, l'hystérique Señor Chang et bien d'autres), un humour efficace, des épisodes brillants (le Glee Club, les paintballs, la stop-motion, les fins alternatives..) et les gags récurrents (« Troy and Abed in the morniiiiiiing », « Shut up Leonard », la mini-série d'après générique..).
Et quand l'épisode est terminé, on a ce même sentiment qu'à la fin d'un feu d'artifice : un instant c'est coloré, ça brille, ça pétarade de partout et l'instant d'après on est comme un con dans le noir avec un sourire d'abruti jusqu'aux oreilles.