Le jour où Dan Harmon s'est levé avec l'idée de Community, il a du se dire que sa carrière était enfin bel et bien lancée. Puisant dans son expérience personnelle pour pondre une série usant les codes du paysage audiovisuelle pour en faire une caricature touchante et juste, il a réussi là où beaucoup ont échoué. Il faut bien admettre que l'idée est audacieuse et que les chances de ne pas se casser les dents dessus étaient plutôt faibles (on remarque par ailleurs qu'ils se sont effectivement plantés sur la fin).
Ah, peut-être que tu n'as jamais vu la série et que tu ne sais pas de quoi ça parle. Pardon. Alors, l'histoire se déroule à Greendale, un Community College (plus ou moins l'équivalence des cours du soir chez nous), on y suit un groupe de travail composé de 7 étudiants possédant un passif distinct, il y a Jeff, l'ex-avocat ayant falcifié son diplôme et devant le repasser, Pierce, le vieux pervers riche et raciste qui est inscrit depuis des années à l'école où il va pour se faire des amis et fuir la solitude, Annie, l'élève modèle ayant fini dans une école aussi mauvaise suite à une dépression, etc. On les suit dans des histoires de tous les jours et dans des histoires plus extravagantes (qui n'a jamais rêvé de faire un paintball dans son établissement ? Eux l'ont fait)
Oui, mais dans quel but ? Pourquoi regarderais-je une série sur une période de ma vie passée qui m'a bien fait chier ?
C'est simple. Logique. Limpide. Parce que ce n'est pas une série sur l'école. Ne la confonds pas Freaks & Geeks, manant ! Communiy, c'est plus qu'une série sur l'éducation ou le système scolaire, c'est une série caricaturale sur les séries, voire le cinéma. Les épisodes ne sont pas liés les uns aux autres-en général, ils ne se ressemblent pas. Ils passent de la comédie, à l'action, au huit-clos puis à l'animation(en fait, j'ai du mal à penser à un genre qu'ils n'ont pas fait). Tu l'as compris, c'est éclectique. Et c'est sa force. Là où les sitcoms s'enlysent dans un style, dans un appartement ou un bar (coucou Friends et The Big Bang Theory), Community explore les genres et ne se cantonne pas dans ses acquis. Elle caricature et rend hommage au 7ème art. Elle ne se prend jamais au sérieux, Abed-meilleur personnage de Sitcom jamais réalisé, rien que pour lui il faut y jeter un oeil avant d'y laisser le second, certains finiront avec des oeillères tant il est génial- est convaincu d'être coincé dans un programme et le répète régulièrement. Il est conscient. A l'image de la série qui est consciente d'être ce qu'ellle est et en joue.
Parlons un peu des personnages secondaires, qui sont bien creusés. Un gros big up au Doyen, ce ne sera pas te spoiler en te disant que c'est une grande folle, et comme toute grande folle, on l'aime et on le déteste tant il en fait, pourtant son extravagance est un atout indéniable à la série. Autre force majeure, le personnage incarné par Ben Chang, qui évolue de façon drastique pendant toute la durée du programme, je n'en dis pas plus pour te laisser découvrir, mais c'est bien la première fois dans une série de ce format que je vois un protagoniste passer du tout au tout. C'est un pari réussi. Indéniablement.
Il est temps d'être un peu critique et d'arrêter la propagande. La série débutant si bien, perd de sa saveur après la saison 3, ce qui correspond avec le licenciement de son créateur, Dan Harmon. Les saisons qui suivent sont du pré-mâché et, plutôt que de poursuivre sur sa voie sinueuse, la série se contente de rester sur ses acquis. Elle devient une sitcom presque banale, pas déplaisante, juste moins intéressante et plus quelconque. Cela dit, les trois premières saisons sont géniales, à voir et à revoir.
Si après ces lignes tu n'es pas convaincu-si tu ne l'as jamais vu, ou si ça t'a donné envie d'en revoir à nouveau, je ne peux que te conseiller de regarder l'épisode 7 de la saison 2. Plus que d'être mon préféré, c'est celui qui décrit le plus les personnages et l'ambiance du show. C'est celui que je conseille à tout néophyte.