Il est d'opinion commune de considérer Community comme une bonne série - et il n'y a pas besoin de se forcer pour cela, tant la série propose des épisodes relevant du génie comique comme la télévision américaine en a rarement proposés au cours des décennies. Les exercices de style épisodiques font preuve d'une inventivité quasiment sans précédent, la série allant très loin et se permettant des délires hallucinogènes collectifs généralement éloignés du ton très aseptisé de la plupart des comédies de networks actuelles ; exercices de styles qui ne sont pas sans rappeler Buffy, qui se permettait également assez régulièrement de bouleverser sa structure narrative, pour le meilleur.
Malheureusement, Community a une faille assez gênante : ses personnages. Ils sont à vrai dire difficilement plus que de simples pantins caractérisés par un trait de personnalité qui les définit en permanence. Les épisodes passent et les personnages restent profondément creux, ne trouvant un intérêt comique que dans le cadre d'une histoire (généralement très bien pensée) qui les dépasse et fait oublier, le temps d'un épisode, combien chacun de ces personnages est profondémment inintéressant. Après trois saisons, un certain nombre de personnages principaux (et je pense surtout à Shirley, Pierce, Jeff et Annie) ont quasiment autant de substance qu'ils en avaient dans le premier épisode. Et je trouve cela extrêmement problématique de la part d'une série télévisée, dont le format permet aux auteurs le développement d'une histoire et de personnages sur le long terme - un avantage indéniable par rapport au cinéma qui se veut plus concis.
Dan Harmon, le showrunner, a été récemment viré de son poste et ne sera donc plus en charge de la série pour la quatrième saison : se confondent alors la tristesse à l'idée que la dernière saison sera probablement très peu à l'image de la série, et l'excitation à l'idée que les personnages retrouvent l'âme qu'ils ont perdue lorsque les auteurs se sont rendus compte, en fin de première saison, que l'intérêt de la série résidait principalement dans ses excentricités sans lendemain.