Conan, le fils du futur, c’est un peu comme si Mad Max avait décidé de prendre des vacances sur une île paradisiaque, et que les enjeux de la survie post-apocalyptique étaient confiés à un ado aussi insouciant que surpuissant. Dans ce chef-d’œuvre de science-fiction signé Hayao Miyazaki, l’apocalypse n’est pas gris et morne, mais coloré, plein d’aventures et de paysages à couper le souffle. Ici, on ne pleure pas sur les ruines du monde, on y fait du surf à mains nues et on saute de falaise en falaise comme si c’était une promenade de santé.
L’histoire se déroule en 2028 (le futur des années 70 !), après que la planète a été ravagée par un conflit dévastateur qui a laissé la civilisation en miettes. Mais ne t’attends pas à une ambiance pesante à la Blade Runner. Conan, notre héros, a grandi sur une île isolée, presque coupé du monde, et il est bien plus préoccupé par la pêche et les cabrioles acrobatiques que par les questions existentielles. Il est un garçon joyeux, musclé comme s’il avait soulevé des montagnes (peut-être que c’est le cas), et doté d’une énergie infinie qui ferait pâlir Superman.
Tout bascule le jour où Conan rencontre Lana, une fille mystérieuse venue d’ailleurs, poursuivie par les méchants d’Industria, une cité technologique totalitaire. Lana est le déclencheur qui pousse Conan à quitter son petit paradis pour explorer un monde en ruines où les derniers vestiges de l’humanité se battent pour contrôler ce qu’il reste de technologie. Mais Conan, avec son cœur pur et ses muscles d’acier, va bien sûr bouleverser tous ces plans à coups de sauts prodigieux et d’aventures héroïques.
Ce qui fait la magie de Conan, le fils du futur, c’est cette capacité à transformer un monde post-apocalyptique en un terrain de jeu plein d’espoir. Contrairement à la vision déprimante de beaucoup de récits dystopiques, ici la nature a repris ses droits, et elle est magnifique. Des îles verdoyantes, des océans infinis, des villes en ruines envahies par la végétation : Miyazaki nous offre un spectacle visuel éblouissant, où même la désolation semble avoir un côté poétique. C’est l’apocalypse, certes, mais avec du soleil et une brise légère.
Conan, lui, est l’incarnation de l’optimisme. Rien ne semble pouvoir l’abattre. Il est curieux, toujours prêt à aider, et surtout, il semble capable de tout accomplir avec une facilité déconcertante. Besoin de détruire un mur en métal ? Conan frappe. Besoin de plonger dans les abysses ? Conan plonge. Besoin de se battre contre une armée de robots ? Facile. Il ne se pose jamais de questions complexes, mais sa pureté et sa détermination à protéger Lana et ses amis font de lui un héros immédiatement attachant.
Les personnages secondaires, eux, apportent une profondeur supplémentaire à ce monde en ruines. Lana, douce et mystique, est le parfait contrepoids à l’énergie brute de Conan. C’est elle qui détient les secrets d’un passé oublié et d’un avenir à construire, mais elle reste vulnérable, ce qui la rend d’autant plus précieuse aux yeux de Conan. À l’opposé, il y a les méchants, comme Lepka, l’impitoyable leader d’Industria, qui incarne l’obsession du contrôle et de la technologie, prêt à tout pour récupérer Lana et imposer sa domination sur ce qui reste du monde. C’est le genre de méchant qui semble passer sa journée à planifier des trucs diaboliques depuis son fauteuil en cuir, mais qui finit toujours par se faire mettre en déroute par l’insouciance courageuse de Conan.
Visuellement, la série porte déjà la marque de Miyazaki : des paysages époustouflants, une attention minutieuse aux détails de la nature, et cette capacité à rendre même les machines fascinantes. Les engins volants et autres constructions de l’univers de Conan sont un régal pour les yeux, et on y voit déjà les prémices des créations futures de Miyazaki, comme le Vent se lève ou Nausicaä de la vallée du vent. Il y a quelque chose de profondément magique dans la façon dont l’animation capture la liberté de Conan, courant, sautant, défiant la gravité avec une légèreté enfantine.
Mais sous cette apparence d’aventure joyeuse, Conan, le fils du futur traite de sujets profonds : la lutte entre nature et technologie, l’héritage destructeur des hommes, et l’espoir d’un avenir meilleur. Ce n’est pas juste un récit d’action ; c’est une réflexion sur ce que signifie être humain après que tout a été détruit. Pourtant, la série ne tombe jamais dans le moralisme lourd. Tout est raconté avec une telle fluidité que l’on se laisse emporter, oubliant presque que derrière les cabrioles de Conan se cachent des enjeux bien plus importants.
En résumé, Conan, le fils du futur est une aventure épique qui réussit à transformer un monde post-apocalyptique en un terrain de jeu où l’espoir renaît avec chaque saut prodigieux. Miyazaki nous offre une fresque animée pleine de poésie, de personnages attachants, et d’enjeux profonds, le tout porté par l’insouciance héroïque d’un garçon qui, armé de ses muscles et de son grand cœur, semble capable de sauver l’humanité sans jamais perdre son sourire. Un chef-d’œuvre d’animation, à savourer les cheveux au vent, sur une falaise, prêt à sauter dans l’aventure.