Mirai Shōnen Konan (Conan, le garçon du futur) est une série animée pour la jeunesse de très haute qualité avec Hayao Miyazaki aux manettes qui fut mise en œuvre une année avant qu'il se lance dans son premier long-métrage de commande mettant en scène Lupin III.
C'est une adaptation assez libre du roman pour la jeunesse d'Alexander Key intitulé Après la vague/ The Incredible Tide. L'auteur est également connu pour sa série La Montagne ensorcelée dont Disney tirera deux longs-métrages "live".
Cette série s'inscrit parfaitement au sein du travail général de Miyazaki, puisqu'on va y retrouver pas mal de ses thèmes (proches eux aussi du roman original de Key) qu'il développera plus avant par la suite dans ses longs-métrages comme Nausicaä ou Le Château dans le ciel. On y voit une société post-industrielle se remettant d'un cataclysme à l'échelle mondiale déclenché par une guerre ayant entrainé la quasi destruction de la civilisation. S'en suit le conflit entre deux manières d'envisager le monde: d'un coté Industria cherchant à ressusciter le monde d'avant et résolument industrielle, et de l'autre High Harbor (rebaptisée Edenia en français) qui est une société plus champêtre ayant abandonné les vieux usages pour se tourner vers une vie plus simple et proche de la nature.
Les personnages de la série rencontrent très souvent les archétypes que nous retrouveront dans les futurs films d'animation du maître et notamment un certains flou moral. Les dirigeants d'Industria vont à l'encontre du cliché en étant représenté sous les traits d'un conseil de sages scientifiques qui ne visent pas à la domination mais cherchent à ce que la civilisation pré-cataclysme renaisse de ses cendres. De l'autre coté, certains habitants de High Harbor s'avèrent peu sympathiques de prime abord.
Comme souvent un certain nombre de personnages présentés comme antagonistes au début vont évoluer à mesure du récit et passer dans le camp des héros.
Quelques exceptions néanmoins avec par exemple un Lepka qui incarnera le grand méchant, pour le coup plus classique, avide de pouvoir et de domination, incapable de la moindre rédemption, et qui fait penser à un prototype de Muska que l'on retrouvera dans Le Château dans le ciel. Et puis Lana qui est une héroïne moins forte, plus classique, que celles auxquelles nous habituera par la suite le réalisateur japonais, et qui a souvent (mais pas tout le temps non plus, ça reste Miyazaki) pour fonction d'être la demoiselle en détresse qui sera secourue encore et toujours par Conan. Le duo Conan/Lana n'est pas sans rappeler encore une fois le duo Pazu/Sheeta de Laputa.
On peut donc voir Conan, le fils du futur comme un prototype pas encore tout à fait abouti, mais qui n'en reste pas moins extrêmement plaisant à suivre, des histoires que développera Miyazaki dans ses futurs travaux sur grand écran, et par conséquent je vous conseille de regarder la série, en gardant en tête tout de même qu'elle s'adresse avant tout à des enfants (même si les grands enfants dont je fais partie s'y retrouvent parfaitement également) et essaye de transmettre les valeurs humanistes et positives que l'on trouve habituellement chez Miyazaki.