Le commandant semble prendre conscience de l'irréductible solitude de l'être, de sa finitude, de la vanité du monde passé outre le recours à l'imaginaire, à l'Art, autrement dit le sacré. Les réflexions ne suivent pas rigoureusement une ligne cohérente. Toujours du mal avec le passéisme de Sokourov (XVIII-XIXème), très probablement lié à une certaine vigueur spirituelle entretenue alors par la société, dont il aurait la nostalgie.Certes la temporalité très contemplative cherche à densifier le rapport à la réalité, afin de coller au plus près de la trivialité du réel, de la condition humaine (ici-bas !!!), mais ce parti pris apparait excessif, et surtout pas très probant. Les plus belles séquences à mon sens sont celles évoquant l'univers romanesque melvillien ou conradien (3ème partie), métaphysique, où le vaisseau longe les cotes glacées, avec un magnifique traitement pictural, au son des réflexions du commandant (sous-exposé, très faibles contrastes, superpositions de filtres nébuleux, vapeurs (?), et pluie de neige). Egalement la fin de la dernière confession (débutant lors de la tentative de dégèle de la canalisation), très réussie cette fois au niveau de la complexité de la bande sonore (musique, sons diététiques et scène sonore issue de l'imaginaire des matelots endormis, rêvant à leur famille ou de leur enfance), générant une atmosphère onirique étonnante. Le plus problématique finalement me semble lié à la qualité des réflexions, leur transcription littéraire. Elles ne nourrissent pas suffisamment l'exigence des séquences documentaires, toutes en extension.