C'est une indiscutable déception que cette première tentative de se frotter à la Série TV de la part de notre indispensable ami Woody , alors qu'on aurait parié que le genre lui irait comme un gant... "Crisis in Six Scenes" (titre concept alléchant non représentatif de l’œuvre) n'est qu'un long film d'un peu moins de trois heures, répondant à tout ce qu'on attend de ce réalisateur qui illumina régulièrement les écrans : une intrigue simple mais riche en péripéties drolatiques, des dialogues pétillants et truffés d'aphorismes et de bons mots hilarants, et une (légère) critique sociétale, consacrée ici aux attraits du radicalisme politique pour la classe bourgeoise aisée. C'est tout ? Oui,c'est tout... Et ce serait même très bien si Woody s'était cantonné à un long métrage classique d'une heure et demi, qui se serait gentiment inscrit dans la lignée d"un "Manhattan Murder Mystery" par exemple. Étiré du fait de son format, "Crisis in Six Scenes" est plombé durant ses trois premiers épisodes par des dialogues réellement interminables, mais aussi par l'interprétation désastreuse d'une Miley Cyrus à côté de la plaque dans un rôle qui devrait être le pivot de la fiction. Ce n'est qu'à mi-chemin que la mayonnaise prend peu à peu, avec de délicieuses scènes d'aventures rocambolesques - malheureusement filmées par dessus la jambe par un Allen dont on connaît le laxisme - et un (presque) finale paroxysmique qui peut évoquer le meilleur de Blake Edwards. La véritable profondeur du film provient par contre son sous-texte sur l'angoisse du vieillissement, et sur le sentiment étouffant de n'avoir pas encore réussi à exprimer le meilleur de son Art, alors que le temps est désormais compté : ce qui nous vaut une très belle conclusion qui rachète un peu les lourdeurs précédentes. [Critique écrite en 2017]