Hey, sometimes this scenario just snaps right off...
Bon, je considère qu'avoir subi cette série jusqu'à son minable cliffhanger final m'arroge le droit d'en rédiger une critique, histoire de décompresser.
Dans la sainte trinité des pièges à éviter pour une série à twist, on retrouve :
A. le syndrome Lost : écrire son scénario au fil de l'eau sans avoir la moindre idée des réponses à donner au spectateur pour au final se perdre dans ses propres ruses et écrans de fumée, au point d'être obligé de faire table rase en fin de saison avec une variante de la ruse ancestrale "mais tout ceci n'était qu'un rêve".
B. le concept flou : avoir une idée vague, plutôt intéressante, qui a plus trait à une situation, une mécanique voire un postulat général, et finalement s'en contenter sans prendre la peine de l'inclure dans une histoire ayant un semblant d'intérêt.
C. Le syndrome Alan Poe : avoir une idée de conclusion fracassante, un final dantesque, et écrire à rebours, jusqu'à se perdre dans un début sans âme, sans intérêt, uniquement destiné à mettre en place les condition du twist final (eh oui, Alan Poe écrivait ainsi, car ce mode d'écriture est tout à fait adapté au format court, la nouvelle, mais à l'échelle d'une série, ça donne un gros truc plein de vide et de remplissage creux)
Cult se retrouve à cheval entre les 3, en fait, avec des scénaristes qui ont visiblement une vague idée de la fin, de la mécanique générale, et du point de départ, mais qui ne maîtrisent finalement strictement aucun des aspects de la chose.
Le coup de la secte de l'ombre avec le monde entier à sa solde, The Following nous l'a fait il y a peu, avec aussi peu d'inspiration et d'adresse. La seule différence, c'est que dans The Following, on avait Kevin Bacon pour sauver la mise, alors qu'ici, le héros est à peu près aussi expressif que la voix de Stephen Hawkins, lisse et creux, sitôt vu, sitôt oublié.
Pendant quelques épisodes, le culte en question a des doigts dans tous les culs, fans, flics, politiciens, médias, dangereux, protéiforme, menaçant, avec la dose classique de "je vais au toilettes et même l'urinoir fait partie de la secte". Puis d'un coup, la secte passe de milliers de personnes à une vingtaine (comme The Following), que finalement, l'armée de flics à la solde de cette secte, c'était juste une insupportable flic au crane rasé, psychotique jusqu'au ridicule. Puis on oscille entre les deux suivant les besoins des épisodes.
Bref, c'est pas clair, tout ça.
Il faut savoir que la série a failli être interrompue au bout de six ou huit épisodes, je ne sais plus, et qu'au final, ils ont eu de justesse la possibilité de torcher la saison, mais en assurant les six derniers épisodes au rythme de 2 eps par semaine.
Vu la médiocrité des cinq premiers épisodes, on comprend aisément cette décision. Mais au résultat, on a bien deux temps dans la saison. Visiblement, lorsque les choses ont commencé à tourner cacao pour la série, une prise de conscience générale a poussé les créateurs à donner un peu plus de substance à l'ensemble, ce qui donne quelque chose de presque passable à partir du sixième épisode, ce qui est, vous l'admettrez, un peu tard pour se réveiller.
Dans le même ton, on a aussi droit à un démarrage moisi avec la catch phrase pseudo mystérieuse la plus puante de l'histoire de la télévision, qui soulève autant de curiosité que l'identité du meurtrier dans un épisode de Columbo. ("mais pourquoi a-t-il dit "these things just snap right off" juste avant de se suicider ?" "euh...") Fort heureusement, cette catch phrase disparaît au moment où les scénaristes apprennent à écrire, pour faire un retour ridicule en guise de cliffhanger final du plus mauvais goût, ultime et vaine tentative d'accrocher au vol quelques malheureux pour gagner les droits d'une seconde saison, peut-être, je ne sais pas.
Bref, pas la peine d'en rajouter, quelques bonne idées ne suffisent pas à compenser l'absence de talent à l'oeuvre dans ce bouzon bien dans l'ère du temps, à mi chemin entre une version post moderne du Da Vinci Code (avec autant d'inspiration) et un sous The Following, ce qui en dit suffisamment long sur la qualité de l'ensemble.
Les créateurs se sont reposé les dites-idées en se disant que ça suffirait, le culte mystérieux, la série dans la série, mise en abîme, la télé en tant qu'entité autonome, tout ça. Et ils se sont arrêté là. Et non, ça ne suffit pas, il manque une histoire qui tienne la route, des personnages qu'on n'a pas envie de tuer au bout de trente secondes, des acteurs qui assurent un minimum, un peu de consistance, bref, quelque chose à se foutre sous la dent, quoi!
Le seul à tirer étrangement son épingle du jeu, c'est l'acteur échappé de Prison Break dont j'ai oublié le nom (edit : je viens de vérifier, c'est Robert Knepper), qui arrive à être touchant, un connard arrogant avec une pointe de fragilité et d'humanité. Et peut-être l'actrice principale de la série dans la série, à la rigueur...