Quand les avocats sont plus dangereux que des mafieux en col blanc

Damages, c’est un peu comme si tu prenais un thriller juridique classique, que tu y rajoutais des doses massives de trahison, des manipulations aussi tordues qu’une partie d’échecs jouée avec des couteaux, et un casting de personnages qui font passer les méchants de Disney pour des amateurs. Ici, il ne s’agit pas de simples avocats qui bataillent dans des salles d’audience. Non, on est dans un monde où les plaidoiries se déroulent autant en dehors du tribunal que dedans, avec des coups bas qui feraient passer un film de mafia pour un documentaire sur la courtoisie.

L’histoire suit Ellen Parsons, une jeune avocate pleine d’idéal, qui décroche un job de rêve dans le cabinet de la légendaire Patty Hewes, une avocate aussi charismatique qu’impitoyable, incarnée par une Glenn Close au sommet de son art. Patty n’est pas là pour défendre les petites causes. Non, elle vise les grandes entreprises véreuses et les millionnaires corrompus, et elle est prête à tout pour gagner. Quand je dis tout, je parle de manipulations psychologiques, de trahisons multiples, et de techniques d’intimidation qui te feraient presque penser que c’est elle qui a inventé le concept de menace subtile.

Visuellement, Damages a l’élégance d’un thriller de prestige, avec ses bureaux chics, ses gratte-ciels imposants et ses costumes toujours impeccables. Mais derrière ce vernis de classe, c’est la jungle. Les dialogues sont des duels à haute tension, où chaque mot compte et où chaque personnage semble jouer une partie qui dépasse le simple cadre du tribunal. Les avocats de Damages sont des stratèges qui passent plus de temps à manipuler qu’à argumenter, et c’est cette dimension machiavélique qui fait le sel de la série.

Glenn Close est évidemment la reine de ce jeu. Patty Hewes est un personnage fascinant, à la fois mentor et manipulatrice, mère de substitution et bourreau impitoyable. Elle est capable de tout pour gagner, même si cela signifie briser ceux qui travaillent pour elle. Et Ellen, au début jeune et naïve, va rapidement se rendre compte que travailler pour Patty, c’est comme jouer à la roulette russe avec une avocate qui a toujours le contrôle sur la gâchette.

L’intrigue de Damages est un labyrinthe de flashbacks et de retournements de situation. Chaque saison commence par un mystère, un événement-choc, puis revient en arrière pour te montrer comment on en est arrivé là. Les épisodes sont construits comme des pièces de puzzle : au début, tu ne comprends rien, mais au fil des épisodes, les pièces commencent à s’emboîter. Et là où ça devient intéressant, c’est que tu n’es jamais sûr de pouvoir faire confiance à ce que tu vois. Chaque personnage a son propre agenda, et les retournements de situation arrivent à un rythme effréné. Le génie de Damages, c’est qu’elle te fait douter de tout et de tout le monde, même de toi-même.

Cependant, ce style de narration peut parfois rendre l’intrigue un peu trop compliquée pour son propre bien. Par moments, Damages a tendance à se perdre dans ses propres méandres, avec des intrigues secondaires qui semblent un peu tirées par les cheveux. Le niveau de manipulation devient parfois tellement extrême que tu te demandes si ces personnages ont encore un cœur, ou s’ils sont tous des robots programmés pour trahir en boucle. Cela peut fatiguer certains spectateurs qui préfèrent des récits plus directs.

L’autre point fort de la série, c’est son casting de personnages secondaires. Chaque saison introduit un nouveau "méchant", souvent un gros poisson de l’industrie ou de la finance, qui se retrouve dans le collimateur de Patty. Ces antagonistes sont souvent aussi fascinants qu’elle, et la confrontation entre eux devient un véritable jeu du chat et de la souris. Et ce chat-là ne se contente pas de jouer avec sa proie, il la traque méthodiquement avant de l’achever avec le sourire.

Mais attention, Damages n’est pas une simple série judiciaire avec des affaires classiques de défense et d’accusation. Ici, le tribunal est souvent secondaire. Ce qui importe, c’est ce qui se passe dans les coulisses : les deals sous la table, les mensonges, les révélations choquantes et les alliances qui se forment et se défont en un clin d’œil. Chaque personnage joue plusieurs coups d’avance, et toi, tu es là, à essayer de comprendre qui est en train de manipuler qui, et pourquoi.

Cela dit, Damages peut parfois manquer de subtilité. Si les intrigues sont captivantes, la série aime tellement les retournements de situation qu’elle en abuse parfois. Il arrive que certaines révélations soient un peu trop téléphonées ou que l’on sente venir le twist bien à l’avance. De plus, l’aspect émotionnel des personnages est parfois sacrifié sur l’autel de la complexité narrative. À force de voir tout le monde se trahir en permanence, tu peux finir par te désintéresser un peu du sort de certains personnages, car tout le monde semble interchangeable dans ce grand jeu de dupes.

En résumé, Damages est une série qui mélange thriller juridique et machinations tortueuses avec brio. Si tu aimes les séries où les personnages passent plus de temps à élaborer des plans machiavéliques qu’à plaider des causes nobles, et où chaque conversation pourrait se terminer par une trahison monumentale, alors Damages est faite pour toi. Glenn Close brille dans ce rôle d’avocate impitoyable, et l’intrigue, bien que parfois un peu trop alambiquée, te tiendra en haleine à coup de révélations fracassantes et de manipulations savamment orchestrées. Prépare-toi à entrer dans un monde où chaque mot est une arme, et où les avocats sont les plus grands prédateurs.