"D'argent et de Sang" de Xavier Giannoli, mets en lumière un écoeurant gâchis d’argent public entraînant le mépris et l’incompréhension. Un écoeurant gâchis tout d’abord face à cette gigantesque fraude à la TVA sur les quotas carbone qui a sévi en France entre 2008 et 2009. Viendra ensuite le mépris envers les gangsters qui ont su trouver la faille, mais les huit épisodes de la série de Canal+ soufflent surtout l'incompréhension face aux politiques français - qui sous couvert d'une écologie bienveillante menée à la baguette par de puissants lobbies - n'ont pas vu, ou n'ont pas voulu voir la plus importante évasion fiscale que l'Europe ait connue. C'est à partir de ce scandale d’état sans précédent que Giannoli - d’après le livre éponyme de Fabrice Arfi (journaliste d’investigation) - tisse une fiction très documentée qui balade le spectateur des alcôves du ministère des Finances à Bercy, des locaux de la douane financière à Paris ou encore des bureaux de la police israélienne et du Mossad à Tel Aviv. Tout ce branle-bas de combat de bureaucrates, d’enquêteurs et de forces de l'ordre s'affaire à intercepter - avec comme souci, le cadre légal de la loi - trois rois de l’arnaque. Il y a tout d’abord Alain Fitoussi dit “Fitous” (Ramzy Bedia) et Bouli (David Ayala), l’homme à penser de ce duo de séfarades tunisiens du quartier de Belleville. Ces deux lascars bidouilleurs, qui vivent de magouilles multiples, ont eu vent des dysfonctionnements sur les quotas carbone. Pour pouvoir en croquer, les deux hommes approchent un certain Jérôme Attias (Niels Schneider). Attias est un trader à l’allure d’un golden boy, mais il est surtout marié à Annabelle (Judith Chemla), la fille du milliardaire Ilan Frydman (André Marcon), un magnat de l’immobilier. Tout ce petit monde est dans le collimateur de Simon Weynachter (Vincent Lindon), un ancien magistrat idéaliste à la tête du service national de douane judiciaire. Bientôt, “Overgreen”, une société leader sur le marché informatique d’échanges financiers de quotas de CO2, commence à faire parler d’elle. En 12 épisodes Xavier Giannoli - au travers du gigantisme de cette affaire - nous narre la quête obsessionnelle d’un homme, en la personne de Simon Weynachter (personnage fictif, synthèse de plusieurs enquêteurs) pour récupérer l’argent du peuple français, perdu dans les méandres des lignes de codes informatiques, des collusions mafieuses et des paradis fiscaux. Vincent Lindon, impeccable (comme à l'accoutumé), nous livre une prestation schizophrène magistrale. En public, il est Weynachter le tout-puissant dans son rôle de chef d’équipe. En revanche, en privé, il devient Simon, un père de famille lambda, veuf et paumé qui n’arrive pas à renouer le contact avec sa fille Émilie (Victoire Du Bois) devenue junkie…