Avis sans spoilers
On parle souvent de "Deutsche Qualität" pour mettre en avant la qualité des produits fabriqués outre-Rhin.
Avec cette première série allemande de Netflix, on ne peut pas dire que la réputation soit usurpée, bien au contraire.
Dark est une série qui brille par son efficacité et son absence de temps mort malgré dix épisodes de 50 minutes.
Chaque scène, chaque transition, est un indice laissé au spectateur afin qu'il puisse tenter de comprendre ce qui se trame dans la petite ville de Winden.
Devant cet apparent foutoir, assez déroutant durant les deux premiers épisode au vu la multiplicité de personnages et d'intrigues, la série parvient à garder le spectateur en haleine.
Avec la précision d'une mécanique d'horloge, on voit les intrigues principales se relier peu à peu, tels des engrenages.
Et l'on se rend contre du travail d'écriture qui a été fourni pour nous livrer une si grande complexité sans un défaut évident de conception.
Bien sûr, certaines zones d'ombres subsistent encore, mais elles font plutôt office d'amorçage pour une seconde saison, surtout après un final assez surprenant qui ne plaira pas à tout le monde.
Pour bien appréhender cette série, il faut bien avoir à l'esprit qu'elle est fortement marquée par plusieurs siècles de pensées allemandes.
Les essais et théories sur le Temps de Friedrich Nietzsche et Albert Einstein sont ici explicitement cités comme piliers de la série.
La réalisation, belle et sobre, est surtout efficace, mais offre parfois quelques petits instants de folies très appréciables. Comme par exemple ces petites séquences musicales lorsqu'un personnage arrive au lycée, qui rappellent Donnie Darko.
D'ailleurs, comme dans ce dernier, les personnages d’adolescents sont très crédibles et sont traités avec justesse.
A ce titre, la comparaison faite par la presse avec Stranger Things est assez erronées, les deux séries partant dans des voies opposés.
Même la partie hommage aux 80s est ici traité d'une manière beaucoup moins fantasmées.
Quitte à comparer Dark avec une série américaine, Twin Peaks me semble être un candidat plus évident tant les similitudes sont fortes.
On retrouve la petite ville de campagne où chaque habitant cache son petit secret ; la menace qui rôde au fond des bois, etc... La liste peut vite devenir longue.
On retrouve même les fameux plans "feux tricolores" symboliques de la série de David Lynch, c'est dire !
Dark est donc une série que je conseille fortement pour tous les adeptes de mystères et de puzzles géants teintés de fantastique.
Et puis c'est agréable de voir des acteurs jouer en allemand : un vent de fraîcheur dans le milieu des séries où l'anglais est majoritaire.
Conlusion et avis avec spoilers
Réussir à traiter du voyage dans le temps, sujet "casse-gueule" par excellence, dérouler une intrigue sur trois époques sans générer d'incohérence majeure est déjà pour moi un bel exploit.
C'est surtout grâce à l'utilisation du concept Nietzschéens de "L’Éternel retour" qui bétonne le scénario et empêche les résolutions scabreuses.
Traiter le sujet avec les possibilités d’altérations temporels d'un Retour vers le Futur ou autre Looper n'aurait surement donné qu'un sac de nœuds indémêlable.
Je suis assez satisfait de la manière dont se termine la série, j'aime l'idée que Jonas, en voulant fermer la trou de ver, devient également son créateur. Voilà une belle manière de "boucler la boucle".
Conclure de façon à ce que la toute dernière scène se connecte avec la toute première aurait été une idée intéressante à exploiter, la série devenant elle-même un éternel retour...
Au lieu de ça, nous avons une ouverture vers une saison 2 et une nouvelle temporalité "post-apo" qui laisse perplexe.
Soit. Pour moi la saison 1 aurait pu se suffire à elle-même.
Quant à l'explication du "combat pour le contrôle du Temps en le Bien et le Mal", elle me parait bien simpliste et à l'encontre même du ce que la série nous disait précédemment.
Je pense ici au moment où l'horloger explique que le problème de la pensée humaine est sa tendance à toujours raisonner de façon binaire (Noir/Blanc ; Jour/Nuit ; Bien/Mal ; ...)
Il faut bien garder à l'esprit que ces paroles viennent de Noah, le personnage le plus manipulateur de la série, et sont apparemment destinés à embrigader le jeune Bartosz.
J'attends donc la suite pour me prononcer à ce sujet., en espérant qu'elle soit à la hauteur.