S’il y a bien une série de Netflix non anglophone à regarder, c’est bien ce petit bijou allemand qu'est Dark.
Dark suit l’histoire d’un village allemand (Winden, située près d’une centrale nucléaire) à travers quatre familles (Nielsen, Kahnwald, Tiedemann et Doppler) sur plusieurs décennies et qui sont toutes liées entre elles par plusieurs secrets qui seront dévoilés au fil du temps.
Voilà, résumer en quelques ligne la série sans en dévoiler plus est impossible tellement il y a de lourd spoiler pouvant gâcher le visionnage qui ne faut pas savoir de prime abord.
Il faut tout de même s’attendre à regarder une série qui n’est absolument pas « Tout public ». Du fait notamment de sa complexité avec son lot de personnages qui demandera souvent de se rappeler de l’arbre généalogique des différents personnages (ne regarder quand même pas ceux disponible en ligne sous peine de lourd spoiler).
Esthétiquement la série est une réussite avec une très bonne mise en scène, des effets spéciaux plutôt bons et une très bonne musique.
C’est une série qui vaut clairement le coup d’être vu car les séries de ce niveau et qui aborde ce genre de thématique très SF de manière aussi juste et profonde sont très rares. Alors cela fait encore plus plaisir quand c’est une série non anglophone et la regardé en VOSTFR est bien plus préférable au doublage proposée en français.
C’est aussi une bonne chose que la série ce soit fixée un nombre de saisons (3) et d’éviter alors la possible saison de trop.
Saison 1
La suite de cette critique rentre dans le vif du sujet donc si vous n’avez pas vu au moins la première saison, il ne vaut mieux pas continuer.
La série allemande Dark est un petit bijou avec pas mal d’inspirations. Que ce soit du côté de Twin Peaks pour ce village bien spécial dont les habitants ont tous des secrets ou que ce soit du côté de Stranger Things dont le premier épisode peut beaucoup y faire penser.
Mais on pense avant tout à beaucoup de films ayant traité la thématique du voyage temporel ou du côté des séries Lost avec ce côté mystique et cette complexité scénaristique identique avec le voyage temporel.
Le temps joue un rôle déterminant dans cette série vu que le premier épisode s’ouvre sur une affaire de disparition d’enfants causée par une faille temporelle située dans une grotte.
A partir de ce point de départ, la série va suivre le déroulement de l’enquête de cette disparition tout en suivant les différentes familles concernées et très rapidement la série va lever le voile sur les relations chaotiques et les lourds secrets cachés de la ville de Winden en naviguant dans le temps.
On suit alors 3 années bien précises dans cette saison 1 (1953, 1986 et 2019) avec ce cycle de 33 ans qui n’est pas anodin qui est expliqué à la fin de cette saison
Car le voyage dans le temps n’est pas utilisé n’importe comment dans Dark est suit certaines règles qui seront expliqués et démontrés au fur et à mesure de la série.
Le trou de ver présent dans la grotte et à proximité dans la centrale permet aux gens de voyager sur un cycle de 33 ans où tout se répète (l’univers revenant exactement au même endroit tous les 33 ans). Si un personnage passe par le trou de ver, il voyage soit 33 ans dans le passé soit 33 dans le futur.
Le voyage temporel va alors poser pas mal de paradoxe temporel qui vont remettre en cause le libre arbitre de certains personnages. Car avec le principe de cette boucle temporelle, c’est le futur qui façonne le passé autant que le passé peut causer le futur.
Le personnage de Jonas en est le parfait exemple, peut-il ramener Mikkel dans sa temporalité et causé sa propre perte vu qu’il apprend que ce dernier n’est autre que son propre père.
On peut aussi parler d’autres paradoxes temporels liés à plusieurs objets clés comme la machine temporelle (qui n’aurait pas pu être créé dans le passé sans son exemplaire futur) ou comme la lettre écrite de Michael/Mikkel.
On comprend au fur et à mesure des épisodes que l’enjeu principal est la fin des temps ou plutôt la fin du dernier cycle à travers une lutte entre plusieurs personnages clés au fil des années comme Jonas, Noah et Claudia.
Et la fin de saison laisse entrevoir que la série ira aussi explorer un futur apocalyptique (2052).
Saison 2
Avant de commencer la saison 2, un petit œil sur l’arbre généalogique des 4 familles de cette ville de Winden sera nécessaire sous peine d’être inexorablement perdu.
Car si la saison 1 donné quelques première révélations, la saison 2 va en déverser à chaque épisode et on naviguera de plus en plus au fil des décennies (1920, 1953, 1986, 2019 et 2052) où l’on suivre chaque personnages dans ces différents âges.
Si la saison 1 m’a fasciné et passionné de bout en bout, cette saison 2 m’a bouleversé et m’a ému à pas mal de moments.
Car la série prend une tournure encore plus dramatique digne des tragédies grecques où Jonas est plus que jamais au centre de tout.
Alors que la révélation sur la véritable identité d’Adam est pas forcément si surprenant que ça, on se demande quand même comment Jonas va évoluer vu que ces 3 versions présentées au travers des années sont aussi différentes l’une de l’autre.
Il y a une dimension très poétique et philosophique, avec ce questionnement identitaire, de libre arbitre, sur la fatalité du temps où tout est écrit, tout est lié et rien ne semble pouvoir arrêter le temps.
La fin de saison est une belle réussite où l’on assiste à une partie d’échec orchestré par Adam où chaque personnage se retrouve à la place qu’il lui est dû et la boucle temporelle fait sens jusqu'au bout.
Il y a cependant une chose que je trouve beaucoup moins cohérente que le reste.
Comment Charlotte peut être à la fois la fille et à la fois la mère d’Elizabeth.
La scène finale est à la fois intrigante et à la fois ultra risquée.
Déjà que la série avec le voyage temporel arrive à garder une cohérence malgré la complexité de la chose, le fait d’ajouter le voyage à travers des dimensions parrallèles risque énormément de caser la cohérence et d’ajouter un surplus de complexité qui pourrait faire mal à la série.
Saison 3
Dark se termine par une saison 3 aussi bonne que la seconde.
A l'image des deux premières saisons, il y a toujours les mêmes défauts (l'acting pas au top pour tout le monde, le manque de budget se voit, toujours quelques problèmes de rythme sur les premiers épisodes).
Mais je suis de nouveau très satisfait avec des twists qui sont bien amenés à chaque fois et je trouve que la fin est très réussi.
Niveau twist la mort de Jonas en fin d'épisode 5 est très surprenante sur le coup connaissant l'existence de son futur lui et du coup l'explication de ces 2 Jonas (et donc des 2 Martha) est surprenante mais ce tient dans cet univers avec cette faille que Claudia utilisera comme solution dans le dernier épisode.
La série est toujours complexe scénaristiquement mais réussi à donner toutes les réponses aux questions qu'on se pose et à ce fameux arbre généalogique qui a encore plus de lien que prévu et qui est assez perturbant en y pensant
On a au final Claudia qui est un peu l’ancêtre de tout le monde vu que son petit-fils Bartosz a eu avec Silja (qui est la fille d'Hannah, mère de Jonas mais aussi fille d'Egon, père de Claudia ...) deux enfants étant Annoh (alias Noah) et Agnes.
Et pour rappel, Agnes est la mère de Tronte qui est le père d'Ulrich qui est le père de Magnus, Marta et Mikkel (père de Jonas).
Du coup toute la famille Nielsen provient de la famille Tiedeman (Egon) et Kahnwald (Hannah) et ça donne très mal à la tête d'imaginer les liens entre eux.
Niveau format j'aime toujours l'utilisation bienvenue du split de l'écran pour montrer soit les 2 visions parallèles d'un même événement ou les personnages à 2 époques différentes.
Pour le monde d'origine, j'ai bien aimé aussi le changement de format (passage en scope)
J'apprécie aussi que l'on se rend compte à quel point la série a été pensé de A à Z dès la première saison et ce même dans les moindres détails.
Avec par exemple, le sort de Katharina (dans le monde d'Adam) qui se fait tuer par sa propre mère en 1986 au bord du lac. On se rappelle alors de l'histoire que Magnus raconté à Martha pour la faire peur avec le corps d'une vieille dame qu'ils avaient trouver au fond du lac. Et on pense aussi au collier retrouvé sur la plage par Martha et Jonas.
La résolution finale de cette boucle sans fin entre ces deux mondes est au final assez logique et pouvez être prévisible vu les indices qu'on avait sur l'histoire de H.G. Tannhaus
Les 2 mondes d'Adam et d'Eve provenant au final de la tentative raté d'H.G. Tannhaus de créer une machine temporelle pour empêcher la mort de ses enfants.
Mais ironiquement, on peut dire que c'est une réussite pour lui, vu que Jonas et Martha provenant des 2 mondes qu'il a crée arrivent à sauver sa famille.
A travers ces trois saisons, Dark a proposé un voyage à travers le temps fascinant et bouleversant qui se conclut parfaitement en restant cohérente de bout en bout et il y a pas beaucoup d'oeuvre traitant du voyage dans le temps qui peuvent dire le contraire.