Bienvenue à "Stupid Evangelion" notre nouvelle entrée dans la série des "Stupid [...]", une série réservée à la crème de la crème des oeuvres déplorables qui tentent tant bien que mal d'imiter une oeuvre supérieure sans la comprendre et sans y parvenir.
Deux saisons et vingt-quatre épisodes plus tard (vingt-trois à l'écriture de cette critique.) et nous voilà avec un glorieux bordel qui manque cruellement d'intérêt à défaut de manquer de panache.
Il y a une certaine audace derrière Darling in the FranXX, l'audace de nous faire perdre notre temps avec une réalisation timide et un scénario risible, le tout en suppliant les gens de regarder les épisodes suivant sur twitter. Y a pas à dire, grand merci à Trigger et A-1 picture de nous avoir offert cette création, qui n'a ni le style et le mordant d'un kill la kill ou la profondeur de... J'allais dire Evangelion mais soyons honnête, la comparaison est à la fois extrêmement simple et revient plus ou moins à tirer sur l'ambulance au point où on l'en est.
Darling in the FranXX souffre d'un problème majeur dont on ne se débarrasse pas même après deux douzaines d'épisodes: Les personnages. Et avoir des personnages faibles dans une oeuvre où les personnages sont au centre du propos serait l'équivalent de se rendre à une compétition de canoë/kayak avec pour seule rame un canard mort.
Quoique dans le cas de Darling in the FranXX, un taureau aussi vivace qu'un hyperactif sous caféine. Puisque lorsqu'il s'agit de thématique et de "symbolisme", Darling in the FranXX n'y va pas avec le dos de la cuillère: "Est-ce qu'on ne devrait laisser un peu de place à l'interprétation pour les bonnes gens qui daigneraient regarder notre dernière machine à goodies?
-Je suis heureux que vous posiez la question Tanaka-san, et j'ai même une réponse, non. Taro-kun combien de fois est-ce que tu crois qu'on peut caser le même monologue d'exposition en vingt-quatre épisodes? Quoi? Tant que ça? Bah vas-y alors." Le tout très certainement en japonais.
Tout ça pour finalement nous retrouver avec une narration prévisible et forcée, qui s'avère finalement ne pas être si prévisible.
Ecoute Darling in the FranXX, si tu laisses tomber autant de death flags et ne les utilise pas, ce n'est plus de la subversion, c'est insulter l'intelligence de ton public.
A partir d'ici vous entrez dans la spoiler zone, pénétrez à vos risques et périls.
Darling in the FranXX suit la logique des mecha anime qui dicte qu'un mecha anime n'est pas un mecha anime si le mecha anime ne contient pas de politique, et politique il y a, oh lord.
Très rapidement, il nous est présenté APE, un SEELE du pauvre avec de super cool masques de singe. Un consortium dirigé par "Papa", une appellation classique pour un dictateur, bien qu'un peu dérangeante à notre époque où nombre de gens tirent une satisfaction libidineuse à prononcer ou entendre ce sobriquet dans un cadre tout sauf (je l'espère) familial. Et c'est tout. Que fait APE? Ils planifient évidemment. Planifient quoi? Fuck if I know. Est-ce qu'ils ont un comportement ne serait-ce qu'un peu intéressant? Pas vraiment...
Ah oui, autre problème Darling in the FranXX, pour qu'il y ait intrigue politique, il faut qu'il y ait opposition. A qui sont opposés APE? Le Docteur Frank? Un plot twist clair comme le jour mais qui ne devient vraiment pertinent qu'à la toute fin de la série. La seule chose qui présente APE comme des antagonistes potentiels, c'est le fait que se faire appeler Papa par une bande d'adolescent-es à qui on n'a pas donné naissance, c'est carrément louche.
Et je vais immédiatement sauter sur un autre problème majeur, mais cette fois-ci plus en profondeur. Qu'est-ce qui ne va pas avec les personnages? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de voir des pantins à qui on injecte une dose de "rire", "tristesse", "jalousie", etc, à chaque fois que le scénario le réclame.
"Maaais tu comprends pas, ce sont des enfants soldats, ils ont été créés et éduqués comme ça!"
Très bien, alors pourquoi établir aussi tôt que EUX sont différents? Que les neufs aient la personnalité d'une cocotte-minute non-binaire ne me dérange pas outre mesure, idem pour les enfants des autres escouades, dont l'un des leaders est d'ailleurs un personnage paradoxalement beaucoup plus intéressant et humain que la totalité de l'escouade principale. (à l'exception de Goro) Mais pourquoi est-ce que nos personnages principaux ne révèlent des éléments de leurs personnalités que d'une manière aussi artificielle?
Pour illustrer mon argument, je vais utiliser le premier épisode qui m'a sans équivoque fait penser: "Si la suite n'est pas magistrale, cette connerie va piquer du nez plus vite qu'un avion de ligne dans lequel on aurait lâché une centaine de grands singes."
Futoshi le bien nommé et Kokoro la détestée. L'épisode 11 est le point culminant de la relation entre Kokoro et Mitsuru, deux jeunes gens qui traînent ensemble à l'écart du groupe depuis quelques épisodes déjà, et dont les sentiments romantiques bourgeonnants sont presque palpables au travers du quatrième mur. Non seulement c'est bien amené, mais surtout, c'est complètement prévisible et logique, les partenaires sont des partenaires de combat pas vrai? Kokoro n'est pas contractuellement obligée de vivre amoureusement, main dans la main avec Futoshi?
Alors pourquoi, oh diable pourquoi, passer un épisode entier à justifier le comportement de Kokoro en traînant Futoshi dans la boue? Non seulement le personnage de Futoshi n'est au préalable jamais développé au delà de: "Ahlala qu'est-ce que j'aime la nourriture, la nourriture c'est vraiment bien, je suis gros, hmmm la nourriture." Mais à aucun moment Futoshi nous donner l'impression d'être un aussi gros loser pathétique, du moins pas jusqu'à cet épisode 11. Si Futoshi avait été écrit en tant que personnage et non pas en tant que faire-valoir de Mitsuru, ses travers auraient été apparents dès ses premières scènes. A la place, il met un pression sentimentale énorme sur les épaules de Kokoro en public, la mettant dans une situation où elle ne peut PAS refuser ses avances sans passer pour la dernière des catins, puis continue d'agir comme un enfant qui n'aurait jamais passé le stade anal et qui prend Kokoro pour sa mère de substitution.
D'un certain côté, c'est presque bien écrit, puisque ça ferait presque passer Mitsuru pour quelqu'un de bien, alors qu'à ce point là de la série, il est littéralement l'être humain le plus détestable du cast.
Mais tout ça est si superficiel, non seulement Kokoro n'a pas à se justifier sur ses sentiments, puisqu'elle ne doit rien à personne, ce qui donne l'impression qu'en ne blanchissant pas Kokoro d'une façon ou d'une autre, les gens vont la détester. (Pas de chance, les gens l'ont détestée quand même.) Mais de surcroît, tue dans l'oeuf tout développement intéressant que Futoshi aurait pu potentiellement avoir en le réduisant au stade d'éternel comic relief.
Ce genre d'exemples se multiplient au travers de la série, et donnent un côté vraiment superficiel à tout le cast, puisqu'il devient impossible de les voir comme des individus, seulement comme des plot devices qui vont plus ou moins faire avancer le scénario et les autres personnages selon les envies des scénaristes. Un peu comme des pièces sur un jeu de plateau, c'est inorganique au possible.
Je ne vais pas m'attarder sur le world building qui a été massacré par des explications dont tout le monde se tape et qui rendent l'univers de moins en moins crédible au fur et à mesure qu'on en apprend.
Je ne vais pas m'attarder sur la direction artistique qui est léchée au possible, par peur de désintéresser le spectateur casu qui n'aime pas quand sa série d'animation a du caractère. Une bande-son absolument... Je cherche l'antithèse parfaite de "mémorable", je la trouverai plus tard, j'ai dû l'oublier. Et des mecha designs dont le but est clairement de vendre des figurines.
Je ne vais pas m'attarder sur les problématiques et thématiques soulevées... Pouvoir de l'amour, faire ses propres choix, être Cis et hétéro c'est mieux qu'être Gay et non-binaire, "il faut repeupler le Japon, pitié." -Shinzô Abe
Je n'ai pas grand chose de bien à dire sur Darling in the FranXX. Zerotsu est mignonne? Je suis encore un peu agacé qu'elle n'ai pas été renommée 0-ni, c'était à la fois trop malin pour ne pas être volontaire et trop stupide pour ne pas être clairement explicité. Goro est un bon personnage, et si on prend le plot dans son grand angle, c'est assez drôle de s'imaginer que tout peut être réduit aux goûts sexuels déviants de deux hommes de culture. Séparés par les années, mais pas par leur envie de se taper des dinosaures.
Perte de temps/10