De grandes espérances est peut-être l’une des œuvres de Dickens qui a été la plus adaptée, respectivement 6 fois au cinéma et 8 à la télévision. J’avais déjà vu le film d’Alfonso Cuaron (1998) qui transposait avec hardiesse l’histoire à l’époque contemporaine, la déplaçant aux Etats-Unis, faisant de Pip (renommé Finn), un enfant de pêcheur sur le golfe du Mexique qui deviendra un grand peintre à New York.
L’adaptation de Brian Kirk est beaucoup plus sage et proche de l’histoire originale. La photographie léchée, les costumes d’époque et la reconstitution des bas-fonds du Londres victorien, nous plongent au cœur de la misère de cette société terriblement inégalitaire que Dickens dénonça sa vie durant. On aura du mal à reconnaître Gillian Anderson, l’ex-agent Scully de la série X-Files, dans le rôle de cette sorcière à demi-folle qu’est devenue Miss Havisham. Par contre, Douglas Booth, dans le rôle de Pip adulte, a toute la grâce du héros romantique partagé entre son ambition effrénée et sa fidélité à ses idéaux d’enfant. On l’imaginerait assez jouer le rôle, aussi ambivalent, de Julien Sorel dans une future adaptation du Rouge et le Noir.