Dead Zone
5.8
Dead Zone

Série USA Network (2002)

Quand voir l’avenir est moins amusant que gagner au loto

Dead Zone, diffusée sur USA Network en 2002, c’est un peu comme si Stephen King avait pris une boule de cristal, l’avait donnée à un homme en crise existentielle, et lui avait dit : "Débrouille-toi avec ça". On suit Johnny Smith, un gars parfaitement normal jusqu'à ce qu'il ait un accident qui le plonge dans un coma de six ans. À son réveil, il découvre qu'il a un petit bonus de retour à la vie : il peut toucher des objets ou des gens et avoir des visions de leur passé, de leur futur ou de leur menu de déjeuner d'hier (bon, pas exactement ça, mais presque). Ce qui aurait pu être une série pleine de prédictions ultra-pratiques devient rapidement une épopée où chaque vision est une invitation à plonger dans le chaos.


Johnny Smith, joué par Anthony Michael Hall, incarne le rôle avec ce mélange parfait de mec sympa et de type constamment au bord de la rupture nerveuse. Imaginez être capable de savoir que votre voisin va avoir un accident ou que quelqu’un prévoit un attentat terroriste, mais ne pas avoir la moindre idée de comment changer le cours des événements. Le problème, c’est que Johnny voit tout, mais ne peut pas toujours intervenir. Et quand il le fait, ça ne se passe jamais comme prévu. Pas de petits gains faciles avec ses visions ; ici, chaque futur qu’il entrevoit devient une véritable mission impossible. Il est donc coincé dans une espèce de version infernale de Retour vers le Futur, mais avec plus de migraines.


L’aspect fascinant de Dead Zone, c’est ce concept de prémonition constamment déjouée. Johnny veut aider, mais ses visions sont souvent cryptiques et ambiguës, comme un puzzle dont il manquerait toujours une pièce. Cela donne à chaque épisode une dose de tension agréable, puisque même avec ses super-pouvoirs psychiques, Johnny ne se transforme pas en super-héros. Au contraire, il devient un mélange de détective et de pompier pyromane, essayant d'éteindre les flammes du futur tout en provoquant parfois des incendies qu'il n'avait pas prévus. Ce n’est pas facile de sauver le monde quand chaque action que vous entreprenez semble modifier le destin de manière imprévisible.


La série jongle entre des intrigues épisodiques – Johnny touche une personne, voit quelque chose de terrible, essaie d’empêcher que cela n'arrive – et des arcs narratifs plus longs, notamment la lutte contre Greg Stillson, un politicien ambigu qui, d'après une vision particulièrement terrifiante, pourrait déclencher l'Apocalypse. Là, on tombe dans une sorte de complot politique teinté de paranoïa, où Johnny tente désespérément de changer un avenir cataclysmique qu'il est peut-être le seul à croire. C’est comme si on avait mixé Minority Report avec une intrigue de Stephen King, mais en version télé pour les soirées tranquilles.


Visuellement, la série est plutôt réussie pour son époque, même si les effets spéciaux des visions de Johnny sont parfois un peu kitsch. Vous savez, ces moments où le monde autour de lui se fige, et où il déambule dans une sorte de réalité alternative pleine de lumières un peu étranges, comme s'il était coincé dans un clip des années 80. Mais ces petits moments "old school" donnent un charme à la série, un côté légèrement rétro qui rappelle les débuts des thrillers paranormaux à la télévision.


Côté casting, Anthony Michael Hall porte la série sur ses épaules avec une performance convaincante. On ressent vraiment le poids de ses visions sur son moral et sa santé mentale. Johnny est constamment partagé entre sa vie personnelle, sa volonté de retrouver une certaine normalité, et la charge immense que ses dons lui imposent. Mention spéciale à la relation compliquée qu’il entretient avec Sarah, son ancienne fiancée, qui a refait sa vie avec un autre homme pendant que Johnny faisait la sieste du siècle. On sent bien que Johnny est tiraillé entre son désir de reprendre le fil de sa vie d'avant et cette nouvelle réalité qui le hante.


L’une des faiblesses de la série, cependant, c’est son rythme. Si le concept est génial – un homme capable de voir des morceaux d’avenir – on se retrouve parfois avec des épisodes qui traînent un peu en longueur, comme si la série ne savait pas toujours quoi faire de ses super-pouvoirs narratifs. Certaines visions sont fascinantes, d'autres un peu moins, et cela crée une certaine inégalité dans la qualité des épisodes. Parfois, vous êtes happé par l’histoire, à d’autres moments, vous vous demandez si Johnny ne pourrait pas juste, je ne sais pas, aller acheter des gants pour ne plus toucher personne et prendre des vacances.


Un autre aspect intrigant, mais parfois frustrant, c'est la manière dont la série gère les conséquences des visions. Johnny voit l'avenir, intervient, mais cela ne se passe jamais exactement comme prévu. Si cette incertitude est un élément central du suspense, elle peut parfois donner l'impression que quoi que Johnny fasse, il ne peut jamais vraiment changer le futur. C'est un concept intéressant, mais cela devient parfois un peu déprimant de voir notre héros se battre encore et encore contre un destin inéluctable.


En résumé, Dead Zone est une série qui vous fera aimer et haïr à parts égales le fait de pouvoir voir l'avenir. Johnny Smith est un héros attachant, pris dans un tourbillon de visions et d'interventions parfois malheureuses. Si vous aimez les séries qui mêlent mystère, thriller psychologique et un soupçon de fantastique, vous trouverez votre bonheur. Mais attention, Dead Zone n’est pas là pour vous offrir des résolutions faciles : le futur est capricieux, et même avec toutes les visions du monde, Johnny n'a pas fini de courir derrière lui… ou de se prendre les pieds dedans.

CinephageAiguise
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2002

Créée

le 5 nov. 2024

Critique lue 4 fois

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Dead Zone

Dead Zone
sunshine57
9

Ma critique (Spoil)

Et voilà, après 2 mois environ, j'ai fini la très bonne série qu'est Dead Zone . J'ai connu cette série par le plus grand des hasard à la télé et franchement je ne regrette vraiment pas de l'avoir...

le 18 janv. 2016

5 j'aime

2

Dead Zone
nicaram
7

Dead Zone (2002)

La série "Dead zone" reprend bien l'esprit du film du même nom, sorti en 1983. Sur six saisons, on peut suivre les aventures du célèbre voyant J. Smith. La trame principale est plutôt agréable et...

le 23 déc. 2015

1 j'aime

Dead Zone
DavidRumeaux
6

Dead Zone !

Prés de 20 ans aprés l’adaptation cinéma, c’est en série TV que Dead Zone revient. 6 saisons, une fin précipité et une série qui démarre bien avant de se perdre quelque peu, voilà le constat. En...

le 31 déc. 2015

1 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
CinephageAiguise
7

Peace, amour et baffes gauloises

Astérix, c’est un peu comme un banquet chez Abraracourcix : on y revient toujours avec plaisir, même si parfois le sanglier est un peu moins savoureux que d’habitude. Avec L’Iris Blanc, Fabcaro prend...

le 31 janv. 2025

3 j'aime

My Liberation Notes
CinephageAiguise
8

Quand l’ennui devient une quête spirituelle

My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...

le 19 nov. 2024

3 j'aime

9