La Japanimation va mal. Il fut un temps où cette industrie était fleurissante, vous vous en souvenez ? Quand Ghost in the shell, Planètes, Cowboy bebop, Jojo's, Berserk et bien d'autres séries nous faisaient rêver de par leurs qualités graphiques et scénaristiques. L'originalité en était la clef de voûte et la volonté d'imposer un style unique et innovant à chaque nouvelle série sautait aux yeux. Puis les années ont passé, la qualité des nouvelles séries s'est détérioré, les dernières séries qui étaient à la hauteur de mes attentes étaient peu nombreuses : Code Geass en 2008 et Shigurui en 2007.
Depuis aucune série ne m'a accroché, j'ai pourtant essayé, Rainbow m'avait plus, le premier arc était bien puis j'ai totalement décroché, Level E avait l'air d'être une plutôt bonne idée de départ (première série du créateur d'Hunter X Hunter, mais non). Je regarde naruto par réflexe mais sans conviction, Bleach est partit encore pour une interminable série de HS que je me refuse à regarder. C'est un fait je ne crois plus beaucoup en la Japanimation, tout est médiocrité, les graphismes de la plupart des séries sont bâclés, les histoires sont des ersatz de mechas sans originalité, des shonen à rallonge bas de gammes, le reste se composant de mélanges de shojo et de comédies dessinées et animées avec les pieds. Mon constat est sans appel : la Japanimation se meurt, les deux seuls projets à venir me donnant un vague sentiment d'espoir se limite à la prochaine saison de Code Geass et la nouvelle série d'Appleseed.
Oui, j'utilise cette critique pour déverser toute mon amertume, car j'ai été un mordu d'animation japonaise et de mangas et que maintenant je suis déçu. Les mangakas et les studios de productions sont dévorés par l'argent et cette volonté de vendre tout et n'importe quoi à des fans qui acceptent tout et n'importe quoi sans réfléchir.
Bref, passons au premier animé que j'ai regardé en entier de puis près de 3 ans (je ne prends pas en compte les vieux animés que je regarde), le dénommé Deadman Wonderland.
L'histoire de départ est vraiment très prometteuse même si un poil déjà vu, mais si DW m'a accroché c'est bien pour son aspect graphique soigné (ce qui est très rare de nos jours). La série n'est pas bien longue avec ses 12 épisodes mais intense et bourrée d'action. Ne connaissant pas la version papier, je n'ai pas d'éléments comparatifs. DW est considéré comme un shonen, mais DW est un peu différent des shonen habituels que l'on nous déverse éternellement.
Ce n'est pas un shonen qui dure 400 épisodes, les bastons ne prennent pas 10 épisodes à se terminer, on ne nous assomme pas lourdement avec des flash-back et des explications dont on se passerait bien parce que bon on a une mémoire et on sait l'utiliser, merci bien !
Mais surtout ce manga est très glauque et très violent. C'est un mélange entre un shonen et un seinen, les valeurs du shonen installé dans un univers digne d'un bon seinen.
La série y aborde des thèmes provenant directement des shonen : Amitié, volonté de se dépasser soi même, détermination, honneur. En même temps, la sérié à un côté seinen très sombre et violent dans un monde pleins de désillusion, il s'incarne à travers la démence inhérente à la grande majorité des personnages. DW analyse la folie en tant que conséquence de traumatismes passés, de déviances psychologiques ou encore le résultat d'un environnement ultra violent nécessitant de s'adapter ou de mourir (Darwinisme ?).
Ainsi le récit se déroulant dans une prison déguisée en parc d'attractions donne naissance à une ambiance malsaine. Devant des foules de spectateurs, des hommes s'entretuent comme à l'époque des gladiateurs, la mort est leur collègue de travail.
La branche des péchés pouvoir magique qui permet de manipuler son sang et de le transformer en arme, n'est pas d'une grande originalité mais est très bien présentée et surtout parfaitement animée avec des bastons dynamiques, propres et efficaces.
L'histoire est mystérieuse mais elle oscille constamment entre shonen et seinen. Sans forcément innover, elle est un peu frustrante avec ce style difficile à cerner, il aurait été intéressant qu'elle fût un seinen jusqu'au-boutiste comme Shigurui. Sans jamais restée statique, DW pratique des cliffanghers de fin d'épisode plus ou moins efficaces.
Finalement, la série m'apparaît comme une petite bouffée d'oxygène qui etait nécessaire depuis longtemps. Malgré quelques fautes de goûts, comme les tentatives de scènes comiques qu'ils auraient pu éviter pour maintenir constamment le spectateur dans cet univers glauque. la série est une bonne réussite. Avec une animation soignée et belle (merci Manglobe ! ), peu d'épisodes (ça change), une histoire énigmatique mais pas forcément des plus original, une bande son soignée oscillant entre rock-metal et electro, cela prouve qu'il existe encore des projets d'animés dignes de ce nom. Mais bon, j'ai hâte qu'un vrai seinen de derrière les fagots apparaissent et rappelle à tout le monde ce qu'était la japanimation avant.
Si DW n'est pas forcément original (cela me fait penser à Tokyo Maijin Gakuen Kenpucho), elle a le mérite d'être honnête, spontanée et de ne pas prendre les spectateurs pour des cons, ce qui relève du miracle de nos jours. Vivement la deuxième saison pour savoir si cette série continuera à se démarquer du lot ou non.
PS : Il y a quelques années, je lui aurais mis sûrement 6 ou 7 mais vu les concurrents qui sont vraiment des grosses mochetés qui piquent les yeux, Deadman Wonderland atteint sans mal un 8 bien mérité.