Avant toute chose : pour expliquer mon ressenti, je vais devoir spoiler des éléments.
Assez peu attiré par les animés dans ma jeunesse, j'ai un jour de mes années étudiantes (c'était y a 10 ans, vieillesse ennemie tout ça) décidé de rattrapé mon inculture dans ce domaine en démarrant en parallèle deux animés considérés parmi les meilleurs de l'époque, et dont on me faisait l'éloge de l'intelligence : Death Note et Fullmetal Alchemist. On parlera ici du premier. Le second déclenchera mon envie d'en découvrir plus sur cet univers (et des années plus tard je tomberais sur Cowboy Bebop. Donc à jamais merci FMA).
Et sur le départ, Death Note me captive. je me prend au jeu de chat et de la souris entre Light et L et suivi la déliquescence de Light obsédé par son pouvoir de vie et de mort.
Retrospectivement, cette première partie a plusieurs défauts assez important (j'y reviendrais), mais cela ne change pas un ressenti très positif.
Beaucoup disent que les choses se gâtent à la mort de L. Pour la part les soucis ont commencé avant. Précisément lorsque Light récupère sa mémoire. La sensation d'un énorme facilité scénaristique et le début de la lassitude autour du jeu de "j'y avais pensé", "oui mais j'avais pensé que tu y avais pensé !", "oui mais moi, j'ai pensé que tu penserais que j'y ai pensé !!" qui devient l'unique ressort de la fin de cette confrontation. Avec en ajout bonus, de nouvelles règles du Death Note qui arrivent quand le scénario le demande. Même si la qualité du ressenti diminue, cela reste agréable à suivre.
Après la mort de L, je me met à enchainer les episodes de façon mécanique, juste pour arriver au bout. M est un des pires personnages de l'animé (pire que Misa, j'ai presque été étonné de les voir arriver à faire pire) et N, certes plus intéressante, ne fait l'impression que d'une copie low-cost de L.
Point positif, l'animé réussit son final, la chute final de Light étant la mielleure scène de cette dernière partie de l'animé.
En y repensant, l'animé a plusieurs problèmes, que l'on peut diviser en deux catégories :
les personnages
Ils sont très peu développés et limités a des archétypes. Il n'ont droit qu'a très peu de développement et se limitent à des gimmick facilement identifiable.
A la limite, les personnages les mieux développés sont les Shinigami. Ryûk en tête.
A l'inverse, les personnages féminins sont... de plantes avec des boobs ? Totalement sacrifiées et mises de coté, quand ce ne sont pas des midinettes "kawaii" totalement insupportable (coucou Misa)
le fond
Le principal grief que je garde contre cet animé.
Parce que de fond, cet animé n'en a aucun.
la prémisse donne à espérer une petite étude sur la notion de justice ou a minima une variation sur le "le pouvoir absolu corrompt absolument" à la Akira/Chronicle/... ou peut être suivre la plongée dans l'extrêmisme et le fanatisme de son personnage principal ou...
Ou rien en fait puisqu'au final l'animé n'abordera certains de ces thèmes qu'avec une superficialité qui confine à la citation.
L'auteur est incapable de traiter Light autrement que comme un personnage que l'on doit admirer. Jamais de distance sur ses actes, qui sont souvent pseudo justifiées (Ray Penbar n'aura aucune incidence, si ce n'est une seconde mort peu après, et puis plus rien). Le problème étant que si on refuse cette admiration, l'anime n'autorise pas d'autre lecture.
La seule ambiguité qui nous est laissée concerne L, qui nous est présenté comme attachant (parce que bizzare) mais dont le but est de faire tomber notre "héros".
La notion de justice est totalement survolée et pire, torpillée lorsque L, puis M, se mettent à utiliser des méthodes equivalentes à celles de Light et Misa. C'est particulièrement prégnant avec M, qui n'est réduit qu'à un psychopathe qui ricane. Et lui on doit le détester (tout en adulant le sociopathe en face...)
Reste l'intelligence. C'est ce que tous les défenseurs de la série amènent en premier. c'est "intelligent". Pourquoi ? "parce que le perosnnage principal est intelligent".
Et ça, ça ne fait pas un animé intelligent. A la rigueur un animé sur l'intelligence, ça oui.
"parce que Light il pense toujours à tout"
Ca, ça s'appelle un ressort scénaristique, et un particulièrement lassant lorsqu'on en abuse.
"parce que y a des retournemens de situaitons auquel on n'arrive pas à penser !"
Plusieurs rebondissements sont en effet malins, mais plus l'animé avance et plus les rebondissements sont forcés, avec souvent une nouvelle règle sortie du chapeau ou une information laissée de coté volontairement pour que l'on ne puisse pas le voir venir justement. C'est de la roublardise, pas de l'intelligence.
Au final ce qui dessert le plus Death Note est la comparaison. En soi Death Note n'est jamais nul. Et assez rarement vraiment mauvais. Et parfois vraiment bon. Souvent a minima correct.
Mais dans l'ensemble d'une culture populaire, des dizaines d'oeuvres ont fait la même chose en mieux, avant et après. De meilleurs "vilain hero", de meilleurs reflexions sur la justice et le pouvoir, de meilleures histoires de chute, de meilleures confrontations d'esprit, et souvent tout ça en même temps.
12 ans après, il ne reste de Death Note qu'un animé accrocheur mais qui tourne rapidement à vide, obsédé à crier qu'il est intelligent sans jamais le démontrer réellement.
C'est toujours préférable a un animé creux d'entrée de jeu et au moins l'animation est toujours belle. Mais bon, on est loin du chef d'oeuvre annoncé.
Je serais un peu troll sur les bords, je dirais que Death Note, c'est le Steven Moffat des 2-3 dernières années, mais en japonais. Tout dans la posture, rien derrière.
Etant troll aussi au milieu, je l'écrirais donc en majuscule :
DEATH NOTE, C'EST LE STEVEN MOFFAT DES 2-3 DERNIERES ANNEES, MAIS EN JAPONAIS. TOUT DANS LA POSTURE, RIEN DERRIERE