Les dieux de la mort ne mangent que des pommes...
Assez dur d’être objectif sur Death Note - et je dois dire que j’ai durablement hésité à qualifier cette série animée de claque monumentale. Je n’ai pas lu les mangas, et je savais à peine de quoi ça parlait avant de mettre le nez dedans. Death Note c’est l’histoire d’un lycéen surdoué qui se voit récupérer un Death Note, propriété d’un dieu de la mort, et qui permet de tuer quiconque dont le nom est inscrit à l’intérieur. Un principe de base déjà très futé - mais ce n’est pas sur ce fond que Death Note marque un point, mais sur son utilisation - puisque que d’avantage de fournir un divertissement passionnant, l’anime se permet de délivrer avec intelligence une vision terriblement tragique de l’homme et une réflexion sur la peine de mort (à noter que celle-ci est toujours en vigueur au Japon - le nombre d’exécutions y varie entre aucune à une quinzaine par an suivant le partie au pouvoir).
Certes il est évident que certains évènements sont légèrement tirés par les cheveux - bêtise de certains personnages dans certaines situations, déductions de L, Light ou Near un peu too much - ou encore simplement le fait que les gouvernements fasse confiance en des gosses pour résoudre ces enquêtes. Mais c’est pas pour le réalisme qu’on regarde Death Note - d’avantage car il s’agit l’un de ces anime qui ne laisse aucun temps mort, enchaînant rebondissements sur rebondissements - certains ont lourdement critiqué le « second cycle » de la série, ainsi que la fin. Moi non. Alors certes la deuxième partie de la série est peut-être moins surprenante que la première, mais la conclusion et la façon dont elle est amenée tient du génie - à la fois scénaristique et de mise en scène. La fin de Death Note est un grand moment et en fera frissonner plus d’un - de peur et d’extase, tant le niveau de perfection atteint par la série dans ces quelques passages ferait presque complètement oublier les quelques moments à vide (épisode 16-20 ou 26-30 à quelque chose près).
Les dix premiers épisodes sont en passant aussi bon que les cinq derniers - des scènes atteignant un niveau de tension et d’intensité que j’ai rarement vu dans un anime (la fin de l’épisode Temps Couvert qui fait sans doute partie des meilleures scènes de la série avec la conclusion de l’épisode 37). Bien sur il serait incongru de parler de la série sans parler de la sublime bande-originale - de thèmes électroniques et rock envoutants aux sublimes chants grégoriens qui ponctuent la série et qui participent à l’ambiance générale complètement malsaine et qui fait que Death Note ne ressemble à rien d’autre.
Alors bien sur je n’ai pas lut le manga pour comparer - je sais juste que la fin de celui-ci est différente en restant dans le même ton. Mais quoi qu’il en soit, au niveau du travail absolument incroyable effectué sur la mise en scène de nombreux passages, mais aussi sur l’animation irréprochable et une bande-originale qui dépote, il est évident que Death Note se classe sans aucun problème parmi les meilleurs anime japonais jamais produit. L’intelligence malsaine du propos fait à la fois réfléchir et méditer sur des problèmes de société évidents - et l’absence totale de toute forme de manichéisme dans la série est là pour soutenir le tout. C’est une œuvre rare, car à la fois divertissante et profondément ancrée dans son temps - terriblement vraie et jouissive, mais presque perverse de par sa vision complètement pessimiste de la nature humaine. Death Note en est presque terrifiant.
Finissons aussi avec une petite note pour le doublage français : mis à part quelques doublages féminins, la casting vocal francophone est d’excellente qualité - avec de grands noms et des voix de Light et Ryuk excellentes. Bref, Death Note est un must see (et sans doute un must read, mais je suis mal placé pour le savoir) - de part son développement savoureux et ses passages divins, jusqu’à sa conclusion encore plus intelligente qu’elle est marquante, on sent tout de suite un manque lorsque l’épisode 37 se termine. Le genre d’expérience qu’on oublie pas de sitôt, qui vous fait frissonner et frémir, en même temps qu’elle vous émeut tant il est clair qu’on voit rarement une telle œuvre décapante dans le paysage de l’animation ces derniers temps.