Le nouveau film MCU biannuel est donc le très attendu Avengers 2 – et encore, c’est un euphémisme. Après un premier volet (ou était-ce le sixième ?) globalement maîtrisé dans le style Marvel Disney, qu’on commence à connaître par cœur, c’était avec une certaine curiosité qu’on attendait ce bouquet final de la Phase II – il reste Ant-Man mais on sait tous pertinemment que ce sera du teasing – qui après des débuts plutôt catastrophiques (l’abominable Iron Man 3 et l’anecdotique Thor 2) avait bien redressé la barre en 2014, avec les rafraichissants Captain America 2 et Les Gardiens de la Galaxie.


Pour faire court, comme dans le précédent, on réunit tout le monde – sauf que cette fois il n’y a même pas d’introduction – et une menace encore plus grande que tout ce que nos héros ont déjà rencontré va se dresser devant eux. Des super-aliens ? Dieu ? Ce fameux Thanos dont on nous parle depuis quatre ans ? Non, une Intelligence Artificielle. Alors, attention : si on amorce à un moment une vague réflexion sur des sujets comme le transhumanisme et l’avenir de la robotique, on n’est pas chez Asimov, vous vous en doutez, mais bel et bien dans un film Disney. Les ouvertures de pistes intéressantes sont balayées dès la première scène d’action suivante, en te remplaçant tout ça par un pamphlet sur le pouvoir de la famille, la force du groupe et la puissance de l’amour.
Voici donc la preuve que l’on pourrait presque résumer L’Ère d’Ultron en un paragraphe. Le film ne va pas plus loin que ça, se limitant à une scénarisation calibrée, une forme déjà connue depuis 2008, des enjeux prévisibles, n’étant finalement rien de plus qu’une gigantesque phase de transition vers les futurs films, qui risquent malheureusement d’être plus ou moins les mêmes. C’est tous les problèmes et les limites du MCU réunis en un peu plus de deux heures : la fadeur de ses personnages, son univers de plus en plus hermétique, son fanservice de bas-étage, son absence totale d’ambition ou de surprises, mais surtout d’avancée scénaristique globale tant cette abondance de productions construit une structure qu’il est désormais impossible de transgresser.


Tout cet ensemble est si simple et devient finalement trop complexe, s’écroulant sous le poids des méchants à vau-l’eau, des pierres intergalactiques et autres éléments d’une mythologie, certes cohérente, mais étouffante. Avengers 2 ne respire pas, il assomme. Il ne divertit pas, il se digère difficilement. Même Whedon semble fatigué : la linéarité de l’action dont faisait preuve le premier volet ne trouve pas d’égal ici. La réalisation est bordélique, le cadre ne prend jamais le temps de se poser, les personnages fusent de part et d’autre, disparaissent, réapparaissent, et finalement ne se développent pas. Il n’y a pas de climax, pas de pause, pas d’émotions. Quand le film tente d’écrire quelque chose, comme la responsabilité d’un père ou la naissance d’une relation charnelle, il sonne faux, et apparaît fatalement comme inconséquent ou au pire, ridicule.
Mis à part la menace – avortée dès le départ – d’une fin de l’humanité annoncée, Avengers 2 ne propose aucune finalité. Son Grand Méchant Loup ? Un James Spader convaincant mais invisible, un doppelgänger sans originalité d’Iron Man, dont toute l’ambiguïté ne reste qu’en surface – Tony Stark est un marchand d’armes ? Un de ces fameux marchands de mort ? On nous le répète mais on n’en fait rien. Non, car il ne faudrait pas mettre en péril la coolitude d’Iron Man. Puis les Avengers sont des films grand public, vous comprenez. Apprendre à remettre en question les figures que l’on nous apprend à admirer, ce n’est pas ce qu’il faut pour les enfants et les geeks en rut.


Dans son dernier quart, on nous promet un nouveau départ. Plein de têtes récemment mises en place, la reconstruction sur les vestiges d’une époque révolue… Non, Disney. On n’y croit pas. On sait tous pertinemment que ce sera toujours la même chose. Quels que soient les ingrédients utilisés, la recette sera identique, et le repas aurait le même goût. Un goût désagréable d’inachevé, de potentiel jeté par les fenêtres, de la réalisation d’un rêve de gosse – voir ses modèles réunis sous une même bannière – transformé en une pompe à fric sans recul, sans talent, sans originalité et surtout sans avenir. Est-ce un effet de mode ? Une nouvelle norme ? A l’heure où l’on nous annonce un univers commun pour Transformers, des préquelles d’Harry Potter, tout un tas de Star Wars et une Justice League qui sent fortement la copie carbone avec dix ans de retard, c’est un drôle de costume que revêt Captain Hollywood. Jadis royaume de l’imaginaire, mais qui semble de moins en moins enclin à remplir la fonction où il a pourtant toujours excellé : nous faire rêver.

Vivienn
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le 22 avr. 2015

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