Difficile de porter un jugement clair sur un "objet" aussi "indistinct" que ce "Defending Jacob", nouvelle série "de prestige" d'Apple TV, qui en manque d'ailleurs beaucoup (et de prestige et de séries...) : on a d'un côté une histoire tout-à-fait intéressante, tant par son aspect "thriller" que pour ses ramifications psychologiques à même de générer un maximum d'empathie chez le téléspectateur, une réalisation louchant sur le rythme et l'esthétique "Fincher", des acteurs venus du cinéma populaire (Chris Evans et Michelle Dockery)... et au final, pas grand-chose de convaincant, ou tout au moins de mémorable.
Huit épisodes qui se regardent gentiment, sans que l'on n'y prête réellement attention, des comportements stéréotypés - mais cohérents - de la part des personnages, une esthétique uniformément déprimante qui finit par lasser... jusqu'à un final "flou" et suspendu qui ne manque certes pas de classe pour conclure un dernier épisode plutôt bon : le bilan est quand même maigre pour une mini-série qu'on n'arrivera ni à aimer ni à détester.
Et si la faute en revenait aux acteurs principaux, uniformément faibles (on peut évidemment en faire le reproche à la direction d'acteurs) ? On a d'une part un Chris Evans, qui n'a jamais été, reconnaissons-le, convaincant nulle part, et manque dramatiquement de vie, au point que chacune de "ses" scènes devient assez rapidement soporifique ; en face une Michelle Dockery qu'on aime forcément, "Downton Abbey" oblige, mais dont on doit reconnaître une vraie limitation en termes de variété de jeu et d'expressions. Face à ces deux "boulets", nous avons heureusement quelques seconds rôles bien troussés qui injectent un peu de vie dans ce paysage vaguement sinistré : la belle vivacité de Cherry Jones, la fourberie délicieuse de Pablo Schreiber, et surtout le charisme inentamé du formidable J.K. Simmons servent régulièrement de béquilles à ce "Defending Jacob" qu'on oubliera probablement bien vite...
[Critique écrite en 2020]