Série addictive de huit épisodes, à la sauce John Grisham, « L’affaire Jacob Barber » a été diffusée en ce mois de mars 2024 sur TF1 (il aura quand même fallu quatre années pour qu’elle s’exporte en France, merci à TF1 !).
Série que j’ai bien entendu enregistré et ensuite visionné (tout d’abord les trois premiers épisodes, et ensuite les cinq autres, comme TF1 les avait programmés).
Programme d’autant plus addictif qu’il s’agit d’une série, tenant des sommets du thriller (comme je les aime), créée, écrite et maîtrisée par le ‘juge’ Mark Bomback (scénariste vétéran : « Godsend » et « Die Hard 4 » marquent ses débuts, il prend ensuite le train avec Tony Scott pour « Unstoppable » quand les deux derniers opus de « La planète des singes » des 2000’s assoit sa renommée internationale).
Synopsis.
Dans une petite ville du Massachusetts, un camarade de classe de Jacob Barber a été assassiné : l’enquête est confié au procureur de la république, Andy Barber, le père de Jacob. Lorsqu’Andy découvre que son fils est peut être le meurtrier, on lui retire l’affaire… .
Dans cette série, j’ai trouvé que tous les personnages sont dépeints avec une force grishamiennne :
- Jacob Barber, le gosse, l’adolescent en manque de repères (comme dans le roman « Le client », la quadrilogie « Theodore Boone »…) et qui s’invente des histoires car apeuré par la situation et détaché de toutes conventions sociales, Jaeden Martell (déjà vu dans « St. Vincent » avec Bill Murray, « Midnight special » de Jeff Nichols, le diptyque « Ca » d’Andy Muschietti), remarquable de maturité face à ses partenaires et 17 ans lors du tournage !, s’impose déjà comme un acteur de premier plan !
- Andy, le père en proie à ses doutes et à son honneur en passe de devenir un mauvais père, est campé avec conviction par le tout bonnement excellent Chris Evans (également producteur de cette série, il est connu pour avoir joué les super-héros dans « Les quatre fantastiques » aux côtés de Jessica Alba, la trilogie « Captain america », les « Avengers »…).
- Billy Barber, le grand-père, avec cette figure inquiétante et rageuse doté de tatouages qui hantent les rêves d’Andy et de dents jaunes et poisseuses, est interprété par l’incarcéré et non moins charismatique J.K. Simmons (figure incontournable des 80’s jusqu’à aujourd’hui : la série « Oz », « Le chacal » de Caton-Jones, la trilogie « Spiderman », « Juno », « Burn after reading », « Whiplash », « La La Land »).
- l’avocate de la famille Barber, la droiture et l’intransigeance incarnée par sa tenue vestimentaire et ses cheveux au carré, est interprétée par la chevronnée et l’épatante à souhait Cherry Jones (ayant obtenu des grands rôles pour le cinéma -« L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », « Erin Brockovich », « Le village », « Brooklyn affairs »-, elle s’est ensuite tournée dans le monde des séries -« 24 heures chrono », « The handmaid’s tale »-).
- l’aide du grand-père sur le terrain, le redoutable crâne rasé William Xifaras (qui a eu pour partenaire un certain Denzel Washington pour les besoins de « Equalizer ») est lui aussi impeccable dans ce rôle de dur-à-cuire.
- l’avocat de la famille endeuillée, l’homme sans faille au rasage peu impeccable mais qui manie la parole comme jamais, Pablo Schreiber (adepte des séries -« Sur écoute », « Weeds », « Orange is the new black »-, il participe à certains projets pour le cinéma : « Vicky Cristina Barcelona », « 13 hours ») est convaincant à souhait. D’autant que dans ce rôle, il fait le procès du procès (j’en parlerai plus bas). Il s’agit d’un double rôle truculent et tranchant (dans tous les sens du terme), assurément !!
- Laurie, la mère Barber, apporte une culpabilité féminine doublée d’une froideur exquise en la personne de l’infatigable Michelle Dockery (la série « Downtown abbey » la starifie, elle joue dès lors pour les plus grands : Joe Wright, Jaume Collet-Serra, Guy Ritchie) qui livre une très jolie partition, froide et méticuleuse en même temps.
De plus, l’intrigue, concoctée par le créateur de la série (Mark Bomback), est d’autant plus passionnante car elle se déplace du gosse (Jacob) au père (Andy), et ce avec une facilité déconcertante, au fur et à mesure des épisodes. L’on est transporté dans ces imbroglios judiciaires sous peine d’être mis en prison ! S’en est trompeur et totalement prévisible sans l’être : un très bon gage de qualité de la part des mains de Mark Bomback, sans doute à son meilleur niveau.
Nous avons ainsi (et aussi !) affaire à un procès dans le procès. Les flashbacks, à bon escients, sont très bien utilisés, desservent l’histoire et la psychologie des personnages.
Un très beau travail de la part du réalisateur norvégien Morten Tyldum.
Ce qui m’amène au point mise en scène.
En premier, tout d’abord, le générique d’introduction.
Tyldum, le réalisateur de « Passengers », organise un générique addictif, compulsif : il est ce point d’ancrage qu’on attend le plus. Prenant, sous tension et totalement compromettant, il se fait le point de référence de « L’affaire Jacob Barber ».
Le générique est tellement tendu et angoissant qu’on n’a pas le temps de le lire, juste le temps de le regarder. Un jeu du chat et de la souris s’installe sous forme de mystère. Excellentissime, Monsieur le réalisateur.
En second point, le metteur en scène du thriller « Headhunters » et du biopic « Imitation game » organise une mise en scène accrochante, sous tension permanente, nerveuse. Fiévreuse même.
Tyldum nous poignarde sur place en nous englobant par une mise en scène d’atmosphère. L’ambiance se fait ainsi délétère au possible, asphyxiante, à s’y méprendre !
Le réalisateur de « Buddy » et de « Anges déchus » nous assène sa vérité en concoctant ainsi une mise en scène au cordeau qui, au gré des références de cinéma en la matière (de « 12 hommes en colère » à « L’affaire pélican » en passant par « Section spéciale », « Le verdict »…), a l’art de s’affranchir de ses cadets en utilisant à merveille le vieux procédé du flashback. En découle une mise en scène marqué au fer rouge par un petit artisan en la matière : le metteur en scène de la série d’espionnage « Jack Ryan », à savoir le réalisateur Morten Tyldum.
Pour conclure, « Defending Jacob »(sorti sur une plateforme américaine en 2020), expérience mystérieuse glaciale et abrasante, est cette série judiciaire grishamienne chapitrée au fer de lance saupoudrée, calibrée et sous couvert d’un thriller judiciaire sous haute tension addictive.
Interdit aux moins de 12 ans.
Spectateurs, connaissez vous vraiment la justice ?