Densha Otoko
7.3
Densha Otoko

Drama Fuji TV (2005)

Quand le geek prend le train de l’amour… et flirte avec le ridicule

Densha Otoko, c’est l’histoire improbable d’un nerd (pardon, "otaku") qui devient le héros d’un conte de fées moderne avec un paquet de figurines dans son sac et une timidité maladive comme arme principale. Diffusée par Fuji TV, cette série raconte la transformation de Yamada Tsuyoshi, alias Densha Otoko ("L’Homme du Train"), un jeune geek aux cheveux mal peignés, aux lunettes un peu trop épaisses, et à l’obsession pour ses passions qui n’intéressent… eh bien, pas grand monde, jusqu'à ce qu'il rencontre sa "princesse".


L’histoire commence quand notre héros assiste, totalement par hasard, à une scène qui va changer sa vie. Dans le train, il vient au secours d’une jeune femme élégante et raffinée, Hermès (non, elle ne porte pas de sac Hermès, mais elle en a le chic). Yamada, d’ordinaire bien trop réservé pour parler à une personne de l’autre sexe sans bafouiller, se retrouve à défendre cette belle inconnue. Cette bravoure inattendue attire la reconnaissance d'Hermès, qui le remercie en lui envoyant un élégant service à thé. Et c’est là que le dilemme commence : que fait un otaku introverti avec une tasse de thé chic ? Il demande des conseils sur un forum, bien sûr !


Ce forum en ligne devient le théâtre secondaire de cette romance improbable, où Yamada, devenu "Densha Otoko", partage chaque étape de sa conquête amoureuse avec des internautes anonymes. Et franchement, c’est un peu le meilleur casting de la série : des internautes aussi étranges qu’attachants, qui prodiguent des conseils variés, oscillant entre le génie et l’absurdité. Ces "coachs de l’ombre" forment une communauté aussi dysfonctionnelle que bienveillante, un réseau d’entraide où chacun projette ses propres fantasmes romantiques sur le parcours laborieux de Yamada. C’est un peu Cyrano de Bergerac, version geek et clavier !


Yamada, interprété par Atsushi Ito, incarne à merveille le stéréotype de l’otaku : il est gauche, inadapté socialement, et tellement nerveux qu’il pourrait avoir une crise cardiaque en recevant un simple "Bonjour" d’une fille. Pourtant, c’est cette maladresse, poussée jusqu’au ridicule, qui le rend irrésistiblement attachant. À chaque rendez-vous, il essaie désespérément d’improviser, de s’habiller "comme il faut" (avec l’aide du forum, bien sûr), mais il trébuche à chaque étape. On rit souvent de sa timidité maladive, mais en même temps, on ne peut s’empêcher de l’encourager, de croiser les doigts pour que cette fois, il ne renverse pas sa tasse de thé sur son propre pantalon.


Hermès, de son côté, est l’incarnation de la grâce et de la gentillesse – une sorte de princesse moderne qui aurait pu sortir d’un rêve romantique. Elle est douce, attentionnée, et sincèrement touchée par les efforts de Yamada. Mais bien qu’elle soit le centre de l’intrigue, elle reste relativement mystérieuse et quelque peu passive, ce qui laisse tout le poids de l’action (et de l’humour) reposer sur les épaules frêles de Densha et ses fans en ligne.


La série réussit un tour de force : elle parvient à transformer la romance la plus simple et maladroite en un véritable feuilleton plein de suspense et de rebondissements. Les conseils des internautes deviennent des mantras, les scènes de rendez-vous sont traitées comme des quêtes héroïques, et chaque sourire d'Hermès est une victoire de plus pour Yamada (et pour tous les fans du forum, qui vivent chaque moment intensément). L’intrigue semble presque exagérée, comme si un simple "Merci pour le thé" pouvait devenir une déclaration d’amour gravée dans l’histoire… mais c’est précisément ce décalage qui rend Densha Otoko irrésistible.


Visuellement, la série joue avec les contrastes : d’un côté, l’univers terne et confiné de Yamada, ses posters d’anime et ses figurines ; de l’autre, l’élégance lumineuse d’Hermès, qui paraît sortir d’un autre monde. Les scènes de dialogue avec les internautes, affichés en petites fenêtres, donnent un côté interactif et presque "chatroom" à la série, renforçant l’impression qu’on assiste à une véritable conversation en direct.


Bien sûr, Densha Otoko a aussi ses moments où l’on frôle l’excès de mélodrame et de clichés. Les stéréotypes sur les otakus sont parfois un peu trop forcés, et certaines scènes font dans l'exagération émotionnelle, surtout quand Yamada se retrouve à dramatiser des détails insignifiants. Mais au fond, c’est ce mélange d’humour maladroit et de sincérité touchante qui fait la force de la série.


En résumé, Densha Otoko est une comédie romantique décalée, où un geek timide se lance dans une quête héroïque pour conquérir une "princesse" inaccessible, aidé par une armée virtuelle de supporters excentriques. Entre les rendez-vous ratés, les moments de honte pure et les élans de courage inattendus, la série nous offre une vision attendrissante de la romance moderne, avec une bonne dose de maladresse et un humour très japonais. Si vous aimez les histoires d’amour improbables où les héros trébuchent autant qu’ils avancent, alors laissez-vous embarquer par cette romance à la fois touchante et hilarante – et préparez-vous à voir que parfois, même les geeks peuvent devenir des héros.

CinephageAiguise
8

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