Ou comment réaliser l'une des pires séries TV de l'année alors qu'on a entre les mains un pitch irrésistible en ces temps de haine générale, et croissante, envers les "premiers de cordée" ? 3 étapes, suivies scrupuleusement par le dénommé Ziad Doueiri, garantissant un résultat abyssal :
1) d'abord partir d'un mauvais livre rempli de raccourcis, d'invraisemblances et de twists faciles : Pierre Lemaître, tâcheron à la mode, s'est surpassé ici pour créer un (faux) polar social déguisé en thriller avec twist, pour faire au goût du jour. Son histoire parle du harcèlement en entreprise, de la brutalité du management des multinationales, du fonctionnement de la justice, de la vie en prison,... n'en jetez plus, la cour est pleine ! Et tout sonne faux, non, tout est simplifié, caricaturé, tordu pour servir l'histoire en dépit du bon sens le plus élémentaire...
2) croire que la crétinerie générale de ce qu'on raconte - puisque la scénarisation du bouquin n'a rien réglé - passera inaperçu en filmant et en montant "à l'américaine" : on joue la carte de la tension histoire de passer par-dessus la logique... et on rajoute - pour faire trop provoc', du fish eye en plus.
3) négliger de diriger ses acteurs, pourtant bien en peine de trouver une quelconque logique "interne ou externe" aux actes comme aux paroles de leurs personnages : il est assez drôle de voir ce pauvre Cantona, qui ne méritait pas ça, rouler des yeux égarés en ce demandant s'il doit jouer le bon gros nounours aimant ses enfants et amoureux fou de sa femme, ou bien le calculateur sociopathe et machiavélique !
Irregardable de bêtise et de démagogie (la palme revenant à la conclusion, parfaitement dégueulasse, dans sa volonté de satisfaire nos plus "bas instincts"...), "Dérapages" nous fait littéralement honte. Et nous donnerait plutôt envie de rejoindre le bord des méchants capitalistes, harcelés par une telle bande de médiocres antipathiques et de lâches imbéciles (remercions pour cela un Alex Lutz, qui est le seul acteur à tirer son épingle du jeu, il faut l'admettre...).
Marquer un but contre son camp, ça s'appelle, hein, Eric ?
[Critique écrire en 2020]