Le générique de début place le spectateur dans l'ambiance dés le départ : on a affaire à une série comique. Impression tout de suite corroborée par le ton foncièrement désinvolte du narrateur, puis par les premiers événements du scénario. Cet humour confine souvent à la parodie et détrône quelques clichés du même coup : si la « hulkose » du chef du clan Kawazu fait un clin d'œil évident aux comics de super-héros, la série tourne aussi en dérision la caricature de l'otaku moyen quand ce pervers de Sunabozu prend la jeune Kozuna sous son aile pour l'initier au métier, se retrouvant ainsi à subir des gamineries au lieu de se délecter de la compagnie d'une bombasse... Et j'en oublie, comme dans l'épisode 8 quand le sempiternel combat du Bien contre le Mal se voit transcris sous forme de rêve à travers une lutte de la rancœur contre le désir – comprenez « l'obsession sexuelle de Sunabozu » – en dynamitant ainsi le cliché du shônen de base.
Mais en dépit de tous ses défauts, Sunabozu reste attachant, un antihéros sympathique qui sait éprouver des scrupules devant la sauvagerie de ses actes pour la survie dans ce monde barbare : un personnage somme toute assez ambigu et pas si clownesque que ça quand on voit ses skills mais aussi... son intelligence. De sorte qu'il manque au spectateur lorsqu'il doit s'absenter d'un épisode pour les besoins du scénario, mais ça n'arrive pas souvent. Il faut ici saluer la performance de Chihiro Suzuki, seiyû (1) de grand talent dont la voix donne à Sunabozu une présence rare, surtout pour une production autant orientée vers l'humour. Il en va de même pour Norio Wakamoto qui interprète à la perfection Amagumo, premier rival de Sunabozu, mais aussi pour l'ensemble de l'équipe de doublage qui sait donner à chaque personnage une stature toute particulière et unique.
De cette réalisation techniquement irréprochable, on retiendra surtout une infographie brillante de discrétion et des graphismes très réussis dans l'illustration des sentiments des divers protagonistes ainsi qu'une réalisation originale et des références somme toute assez attendues aux poncifs du genre post-apocalyptique tels que Mad Max 2 : le défi (George Miller, 1981) ou Métal Hurlant (Gerald Potterton, même année), ou bien encore des westerns – sable oblige... Si l'ensemble de la production propose des épisodes aux histoires plutôt indépendantes, les réapparitions successives de certains personnages tendent à orienter la série vers une intrigue globale assez intéressante dont la conclusion laisse d'ailleurs présager une séquelle.
Les fans ne s'en plaindront pas. Moi non plus...
(1) nom donné aux acteurs de doublage au Japon.
Note :
Cet anime est une adaptation du manga éponyme de Masatoshi Usune disponible chez Glénat.