Desperate Housewives
6.3
Desperate Housewives

Série ABC (2004)

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Ménagères de ma Vie [Critique de la série saison par saison]

Saison 1 :
"Desperate Housewives" nous arrive précédé d'une réputation flatteuse, et est bien la plus addictive des séries TV sorties ces dernières années : les aventures irrésistibles de nos 4 ménagères, confrontées au lent effondrement de leur monde suite au suicide de leur meilleur amie, sont un festival permanent de surprises, gags et révélations. Mais au-delà d'un scénario plutôt mieux ficelé que dans la plupart des grandes séries américaines du moment, et de l'abattage des 4 actrices déchaînées, "Desperate Housewives" propose une vision hilarante mais borderline de l'Amérique - non, de notre vie quotidienne à tous : derrière un petit côté Tim Burton dé-gothisé (la musique de Danny Elfman, le look "Edward aux Mains d'Argent" de Wisteria Lana) ou John Waters poli (l'obscénité tapie derrière les moindres comportements), Mark Cherry épate par la manière dont il montre ce qu'est être une femme en ce début de XXIè siècle.


Saison 2 :
Soyons réalistes, la 2ème saison de "Desperate Housewives", malgré toute l'excitation sur le Net et chez les ménagères du monde global des séries TV, ne vaut pas la 1ère : il lui manque soit un fil conducteur comme l'était l'énigme "policière" autour de Paul Young, soit un vrai renouvellement, alors qu'on a l'impression de voir une simple suite - longuement étirée au fil de rebondissements scénaristiques emberlificotés - des aventures sentimentales de nos héroïnes préférées du moment. Car, avouons-le aussi, le plaisir immédiat que l'on ressent à chaque épisode ne se trouve guère diminué par le sentiment de déjà-vu, sans doute parce que l'infinie répétition du même est à la fois l'essence de la série TV et de la vie quotidienne, ce qui est quand même LE sujet ici. Avec ses personnages craquants, son inépuisable énergie, son réjouissant "réalisme fantastique" appliqué à la dissection de la vie sociale et sexuelle de la petite bourgeoisie planétaire, "Desperate Housewives" reste un grand plaisir.


Saison 3 :
Ah ! Qu'elle est belle la série TV US quand elle s'appelle "Desperate Housewives" et qu'elle aborde sa troisième saison avec autant de brio, et d'intelligence. Des intrigues resserrées et pétaradantes, des personnages aussi excessifs et farfelus que prodigieusement ancrés dans la réalité quotidienne de la "upper middle " américaine, une mise en scène un peu stakhanoviste, mais qui décline avec une fluidité incomparable les trucs et techniques de la comédie comme du thriller, histoire de nous transformer en chiens de Pavlov parfaitement dociles. Finalement, on pourrait tiquer devant tant de savoir-faire, de lisibilité, mais le doux anti-conformisme qui règne en contre-point de cette vie de banlieue mortifère nous rattrape toujours quand l'exaspération risque de pointer son nez. Et finalement, pourquoi se refuser autant de plaisir ?


Saison 4 :
Moins réussie que la saison 3 - sans doute l'apothéose du "style Desperate" -, les 17 épisodes souffrent de l'habituel effet de lassitude (combien de nouvelles intrigues de thriller familial peut-on inventer dans un périmètre aussi réduit, même en introduisant de nouveaux personnages ?), ainsi que de la fadeur de certaines situations (la relation Susan-Mike, sans intérêt). Le pire vient sans doute de fautes "de goût" inédites : quelques accès de sentimentalisme convenu, une poignée de scènes aberrantes où le juste équilibre entre doux délire et réalisme critique est rompu. Heureusement, on n'oubliera pas la tornade centrale, qui nettoie littéralement Wisteria Lane comme les pupilles de ses fans, ainsi que la belle et brillante épilogue, 5 ans plus tard. Qui aurait du conclure "Desperate Housewives" pour toujours.


Saison 5 :
Les mêmes, donc… 5 ans plus tard : belle idée pour relancer une série qui ronronnait un peu que de redistribuer les cartes en jouant sur le registre séduisant du "qu'est-ce que la vie a bien pu leur réserver ?"… On redécouvre donc nos amies et amis de Wisteria Lane, et il y a un brin d'excitation à cette ambiance de faux thriller, le temps de retrouver nos marques, et… de retomber dans le fonctionnement habituel de "Desperate Housewives", qui, décidément, n'aura jamais le courage de se remettre en question ("et pourquoi le faire ?", me demanderont les accros à ces jeux drolatiques autour de l'amour, du couple et de la famille... Ils n'ont peut-être pas tort !). Mais quand même, le meilleur ici, c'est quand on frôle la catastrophe (l'incendie du club), quand un personnage important qu'on nous avait patiemment fait aimer, meurt, ou quand d'un coup, pour le plus bel épisode de tous, la série prend la tangente pour nous parler d'un personnage secondaire, et échappe, du coup, à ses propres stéréotypes.


Saison 6 :
La sixième saison de notre très chère "Desperate Housewives", désormais l'une des seules séries survivantes de la quasi-première génération, prouve malheureusement que la répétition (de sujets, de situations, de personnages), voire le bégaiement, est inévitable après tant d'années (7 ans, en fait…) : oui, on a déjà vu cette famille aux secrets menaçants, cette catastrophe venue du ciel qui frappe Fairview Lane et redistribue les rôles, ces conflits de couples entre haine et amour… Pourtant, malgré la fatigue générale - des scénaristes, des acteurs, de nous-mêmes spectateurs vaguement indolents désormais -, quelque chose de la vieille magie fonctionne encore, et on se surprend à rire, à frémir, à s'horrifier… (presque) comme au premier jour. Pas si mal, quand même… surtout dans la seconde partie d'ailleurs, quand la série s'autorise à secouer sérieusement ses héros, et renoue avec la tension des meilleurs épisodes des débuts. Oui, on sent qu'on va rester encore fidèles à "Desperate Housewives" un bon moment…


Saison 7 :
Ce qu'on aime dans cette septième et avant dernière saison de nos chères ménagères désespérées, c'est le retour à une vraie justesse des situations quotidiennes (par exemple la manière dont un couple se désagrège peu à peu, un moment particulièrement fort de cette saison), portée par une interprétation solide, moins dans l'excès que par le passé (Eva Longoria, peut-être pour la première fois vraiment touchante dans son amour pour sa fille perdue ou sa confrontation avec les spectres de son passé). En ce qui concerne l'habituel "thriller" de la saison, il n'est certes pas très convaincant, sans doute parce que Paul Young est un personnage trop déplaisant pour devenir ainsi l'un des pôles de la saison. Néanmoins, force est de reconnaître que le "truc" de l'épisode central qui relance la fiction par le chaos (après le cyclone, l'accident d'avion, c'est cette fois une manifestation qui dégénère, cristallisant les conflits) fonctionne toujours aussi bien, et que, globalement, la saison 7 restera dans nos mémoires comme une bonne saison d'une série qui s'essouffle avec grâce.


Saison 8 :
Même si la sagesse populaire nous enseigne que toutes les bonnes choses ont une fin, même si on ne niera pas que "Desperate Housewives" ronronnait et peinait à se renouveler depuis au moins 4 saisons, ce n'est pas sans tristesse que nous allons quitter Wisteria Lane, et laisser derrière nous la dernière grande série de l'âge d'Or, avec une saison certes sans grand relief, mais qui se clôt plutôt correctement, tout au moins dans le respect de l'esprit des débuts - l'esprit de Mark Cherry -, avec ce mélange de légèreté, de cynisme et d'amertume qui en faisait le prix. Le problème de ces 24 derniers épisodes, c'est la faiblesse d'un scénario beaucoup moins foisonnant que d'habitude, car exploitant principalement un thème - les conséquences du dernier épisode de la saison 7 -, thème autour duquel les scénaristes peinent à construire ces mini-intrigues qui fleurissaient naguère autour de nos divines ménagères : si l'on ajoute une tendance un peu ridicule à faire revenir, pour rien ou presque, des personnages des saisons précédentes, l'absence du traditionnel "épisode-choc" à mi-parcours qui relançait les meilleurs saisons, et la mort assez inutile d'un personnage - comme une idée en l'air de scénaristes un peu perdus -, on a clairement affaire à un "dernier tour de piste" offert aux fans plutôt qu'à la conclusion "vitale" d'une série autrefois incontournable. Finalement, ce sont les affres de la séparation - assez conventionnelle - du couple Scavo qui sonnent le plus juste, et nous offrent les moments les plus touchants de la saison, ce qui prouve par l'absurde que les scénaristes n'ont guère su faire preuve d'imagination. Oui, malgré le plaisir indéniable qu'on y prend une dernière fois, on aurait aimé un peu plus d'audace, ou au moins de créativité !

EricDebarnot
7
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le 23 mai 2013

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Eric BBYoda

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