Diggin' in the Carts
8.3
Diggin' in the Carts

Émission Web YouTube (2014)

Voilà le topo, suite à la diffusion virale de cette série documentaire parmi les prosélytes de la musique de jeu vidéo (VGM) actifs sur SensCritique et en réaction à cette note "couperet" (en fait pas du tout, j'ai grignoté ce que j'ai pu, disons que je suis loin d'être sustenté) que vous me voyez lui décerner, on m'incite - CaptainSushi assumant ici l’impersonnalité du "on" - à lui adjoindre un petit billet explicatif. Or j'ai assez peu à dire a priori, il me semble qu'on a là un survol lacunaire, à travers ses personnalités (*1), de l'histoire de la VGM qui méritait sans doute une démarche plus rigoureuse pour en restituer l'impact culturel exercé depuis le milieu des années 80, phénoménal à en croire le joli petit monde qui défile devant l'objectif...


Donc, entre la poignée de producteurs de hip hop ricains qui évoque désinvolte son enfance gameuse (on comprend que le milieu n'est pas neutre sur la question, bon, c'est un élément) et les natifs "experts" du sujet qui enchaînent les banalités qu'un joueur moyen un rien versé dans la culture musicale relative à son média sait au moins confusément ou qui n'apparaissent pas déterminantes pour saisir le phénomène (*2), on a quand-même le cœur de l'ouvrage, pratiquement sa raison d'être, les entretiens avec les compositeurs à qui tous ces braves gens et nous autres devons tant et tant d'émoi à travers les âges numériques. Autant le dire, mes cinq points leur reviennent de droit.


Tout ça s'attache beaucoup à la forme, le soin est palpable, on s'applique à matcher extraits chiptune et folklore japonais dont on n'occulte évidemment pas la sempiternelle schizophrénie entre le moderne et le traditionnel. (*3) Il est évident qu'on ne réinvente pas la roue en matière de documentaire digest fabriqué pour un accès facilité sinon prémâché au sujet traité (la carte postale du pays, le biais ultra-mélioratif du moindre propos tenu, le rythme soutenu) mais on échappe au moins, et alors là bravo, au commentateur pénible (façon américaine, les nôtres sont pires dans un autre registre) qui se contente ici d'introduire le sujet en posant la grande thèse qui sous-tend tout le projet : la VGM japonaise est la principale (seule ?) exportation musicale du Japon à l'international. Moui.


Alors moi j'assume mon rôle, je pisse-froid sur la notation et mes éclaireurs/abonnés le savent (en vrai j'ai juste décidé d'utiliser VRAIMENT les dix paliers offerts par la grille), mais je vous trouve quand-même bien impressionnables les mecs (*4) pour hisser ça au rang de référence dans le domaine que l'on partage. Ce docu n'est pas sans valeur, sa valeur est anecdotique (essentiellement celles fournies par les compos eux-mêmes), mais sans nullement cracher dans la soupe j'ose croire et espérer qu'on ira un jour plus loin et plus profond dans l'examen du phénomène.


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*1 La règle semble avoir été : "on parle des gens qu'on arrive à avoir", et alors ça tombe merveilleusement quand il s'agit de Hip Tanaka, Hiro, Shimomura, Koshiro, Uematsu, chacun ayant bien-sûr marqué au fer rouge non seulement le public mais ses pairs et avec l'évolution des pratiques dans le jeu vidéo... Mais ça devient autrement problématique lorsqu'on constate que des gens comme Sugiyama, Kondo, Umemoto ou Yamaoka, à l'influence au moins équivalente à celle des élus du docu, s'avèrent échapper à la fois à l'objectif de la caméra (bon) et au fil d'information entretenu par les intervenants et le découpage du film (aïe). Et ça c'est juste si on décide (c'est l'absolu credo des réalisateurs) de se cantonner strictement à l'archipel aux 7000 îles et par là de se couper tout à fait de l'apport occidental à la VGM et au chiptune, quand-même pas négligeable à ce point...


*2 La VRC6, soit, pourquoi ne pas mentionner l'Amiga (ah ben non, pas jap) ou le Mega-CD quitte à situer quelques étapes technologiques de la VGM ? Il y a une part de random certainement due au fait que le propos est d'emblée mal cerné : on ne sait pas ce qu'on veut dire. Ce qui en résulte est bien-sûr incomplet du point de vue historique (il aurait fallu 50 épisodes), passe encore, mais surtout hyper-bordélique, tout juste coupé en tranches grossières 8bits/16bits/CD et advienne que pourra. La partie sur Tekken arrive comme un cheveu sur la soupe et cherche encore sa raison d'être, le RPG, genre musical pourtant majeur, est ostracisé dans un épisode qui l'assimile entièrement à Uematsu, le virage symphonique est extrêmement mal négocié (évidemment si on ne parle ni de Sugiyama ni des pionniers gaijin que sont Total Annihilation, Heart of Darkness, Medal of Honor...), de grandes tendances sont entièrement passées sous silence (les habillages discrets, la musique narrative, les jeux musicaux...), etc, etc.


*3 Assez longue respiration bucolique avec Masashi Kageyama (Gimmick!), pas désagréable du tout même si le Batman de la NES me semble avoir eu davantage d'écho dans les esprits (chip)tunés que ce jeu particulier qui, pour mon cas personnel, n'a pas su installer ses partitions dans mes favoris. Un Naoki Kodaka plus emblématique de Sunsoft aurait fait avantageusement l'affaire, mais qui sait, la production n'a pas peut-être pas pu ou voulu lui mettre le grappin dessus : on reste dans l'arbitraire ou l'aléatoire au choix.


*4 Un passionné de VGM, c'est pas facilement définissable. J'ai mon RKM, j'ai mon NeeKoh, j'ai mon Adriou, j'ai mon Nagendra, j'ai mon DrunkenBastard, j'ai mon BiFiBi... Plutôt inoffensive en règle générale, la bestiole tend à apprécier la plupart des registres musicaux presque par définition (puisque la VGM n'en est précisément PAS un, son apanage est instrumental [comme le souligne miss Ozawa dans le reportage] or il en faut plus pour constituer un genre musical) mais ne s'accorde avec ses pareils qu'en de rares occasions. Ici, je crois qu'on peut affirmer que ces vidéos nous ont tous brossé dans le sens du poil, ceci dit je me demande pourquoi je suis le seul à mordre quand je constate que la gamelle était bien vide en définitive.

Dunslim
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le 25 févr. 2015

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Dunslim

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