On a connu Alfonso Cuarón plus inspiré au moins dans ses images. On pourrait presque en rester là sans avoir envie de descendre un choix d'adaptation (Révélée de Renée Knight) qui ne relève que de la sensibilité d'un créateur à mettre en image, de son point de vue et de notre propre sensibilité, à y adhérer ou non, mais force est de constater que sur un sujet d'actualité que l'on espère toujours plus réflexif, Cuarón en fait une histoire sans âme. Malgré son souhait de jouer sur le thriller et sur notre perception des événements à ce jeu de fausses pistes, la vérité se profile pourtant très vite et c'est bien long. Cuarón en oublie toute subtilité, tout est trop écrit, appuyé par une voix off récurrente, quand les dialogues ne s'avortent pas d'eux-mêmes, aux scènes sans surprise, ni tension, déroulant sa narration linéaire passant d'un personnage à un autre, d'un visage contrit à un autre, d'une crise à une autre, usant de flashbacks à la Hamilton, qui coupent le rythme sans aucun intérêt ni cinématographique ni narratif. Certains auront le plaisir de voir Leila George en petite tenue, c'est bien tout et les scènes érotiques en feront sourire plus d'un, se remémorant peut-être leur adolescence.
Tout débute avec le livre fantasmé d'une mère endeuillée, à trouver le réconfort au silence entourant la mort de son fils. Une dénonciation de la cancel culture qui plongera Catherine (C.Blanchett) dans les tourments d'une vérité qu'elle souhaite cacher. Mais ce petit livre, à l'effet boule de neige, si peu dangereux finalement, fait bien pâle figure au vu du déroulé des événements tour à tour niais ou poussifs sur le choix d'une jeune femme pourtant libre de quitter le lieu d'un drame.
En ressort surtout, un portrait affligeant des hommes, poussant le curseur bien loin dans l'ignominie, avec cette hargne improbable d'un Kevin Kline frustré, ou d'un mari ayant pour seul mantra sa performance sexuelle, aux paroles plus affligeantes les unes que les autres.
Sans complexité, les personnages ne se justifient que par la présence des acteurs reconnus. C.Blanchett a du mal à nous y faire croire, Lesley Manville n'a jamais été aussi mal dirigée, S.B Cohen tente de sortir de son confort, K.Kline surjoue, le peu d'enjeu pour les deux garçons (Louis Partridge et Kodi Smit-McPhee) pour deux adolescents en prise avec leur obsession, tentent de surnager au milieu, et Leila George est inexistante.
Au fil des épisodes, on s'interroge sur la vacuité de l'exercice. La parole des femmes sans importance, face à celle des hommes et du choix qui en découle, l'image que l'on donnera à cette femme, objet de désir, qui ne devra pas dériver d'un pouce du rôle qu'elle est censée tenir, ou sa froideur qui la condamne à l'avance, pour quelques lapalissades et pour que le pire des réflexions reste à venir lors d'une déclaration d'amour d'un mari auto-centré.
Parler de deuil, de culpabilité, de manipulation, de mensonges et de vérité, a tout d'un sujet fort qui aurait mérité une profondeur d'écriture alors qu'aucun vrai propos en ressort. On en retiendra une lourdeur plutôt dévastatrice que dénonciatrice de la violence faite aux femmes et ce fameux dernier épisode que l'on attendait plus, restera dans les twists de bas étages, pour un ensemble caricatural, qui se sabote lui-même.