Disjointed
5.4
Disjointed

Série Netflix (2017)

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Quand fumer ne suffit pas à faire oublier les blagues qui tombent à plat

Disjointed, c’est un peu comme si tu avais pris une grosse bouffée d’herbe et que tu avais tenté de faire une sitcom autour. Tu te dis que ça va être drôle, un peu décalé, et surtout complètement perché. Eh bien, le résultat est là… mais pas dans le bon sens. Ce qui aurait pu être une comédie décontractée sur la légalisation du cannabis tourne vite au pétard mouillé, où les gags semblent plus flous que le regard de quelqu’un après un gros joint.


L’histoire se concentre sur Ruth Whitefeather Feldman (incarnée par l’excellente Kathy Bates, qu’on adore normalement), une activiste pro-cannabis qui réalise enfin son rêve d’ouvrir un dispensaire de marijuana en Californie. Jusque-là, ça part bien. Une figure charismatique à la tête d’un business un peu atypique, des clients déjantés, une équipe hétéroclite… l’idée est là pour une comédie excentrique sur fond de fumette. Sauf que, rapidement, la série fait du surplace. On se retrouve avec des sketchs qui se veulent délirants, mais qui finissent par te laisser aussi perplexe qu’un stoner essayant de résoudre un Rubik’s Cube.


Le gros problème de Disjointed, c’est son humour. La série repose sur des blagues à base de stéréotypes sur les fumeurs de weed, des gags visuels et des situations qui se répètent sans cesse. Au bout de quelques épisodes, tu as l’impression de revoir toujours la même scène : les personnages sont high, ils font des trucs bizarres, quelqu’un dit une phrase censée être drôle, et on passe à autre chose. Sauf que voilà, après un certain temps, tu réalises que tu n’as pas vraiment rigolé. Même avec un public fictif qui éclate de rire toutes les trois répliques, toi, tu restes devant ton écran à attendre que la vraie punchline arrive… mais elle ne vient jamais.


Kathy Bates est clairement au-dessus du lot ici. Elle fait ce qu’elle peut avec un personnage qui aurait pu être bien plus intéressant. Ruth, c’est une hippie des temps modernes, pleine de convictions, un brin anarchiste, et qui voit le cannabis comme une manière de changer le monde. Mais la série la réduit souvent à un rôle de "maman cool qui fume" et rate l’opportunité d’exploiter toute la profondeur qu’un tel personnage pourrait avoir. Résultat : même avec son talent, Bates ne parvient pas à sauver le show des vapeurs de médiocrité dans lesquelles il s’enfonce.


Le reste du casting est, quant à lui, une collection de personnages un peu clichés : Carter, le vigile vétéran de guerre qui voit des horreurs et devient un mème ambulant ; Pete, le "maître cultivateur" de cannabis qui parle à ses plantes comme à des bébés (OK, celui-là a ses moments drôles) ; Jenny et Olivia, les employés un peu paumés qui semblent juste là pour combler les scènes. Tout ce petit monde aurait pu former une équipe de choc pour te faire rire aux éclats, mais au final, ils restent englués dans des blagues lourdes et répétitives qui manquent cruellement de finesse.


Le rythme de la série est également un souci. On dirait que les scénaristes ont pris la décision de faire avancer l’intrigue aussi lentement qu’un fumeur contemplant un coucher de soleil. Certaines scènes traînent en longueur sans raison apparente, et les moments où l’histoire devrait prendre un tournant plus intéressant sont souvent expédiés en quelques répliques. À la fin, tu te dis que les épisodes auraient peut-être été meilleurs avec un peu plus de substance (et on ne parle pas de la substance verte cette fois-ci).


Visuellement, Disjointed tente de jouer la carte du délire avec des effets psychédéliques, des transitions animées et des moments qui se veulent "trippy". Parfois, ça marche : les scènes animées où Carter hallucine après avoir consommé sont plutôt originales et réussies. Mais là encore, le problème, c’est que l’humour ne suit pas toujours. Ces moments décalés finissent par devenir des gimmicks qui, après une ou deux fois, perdent tout leur effet.


Côté intrigue, on n’est pas loin du zéro. La série n’a pas vraiment de fil conducteur, à part quelques tentatives d’introduire un peu de drame familial avec Travis, le fils de Ruth, qui tente tant bien que mal de gérer le business tout en vivant dans l’ombre d’une mère ultra-charismatique. Mais ces intrigues secondaires manquent souvent de profondeur et sont étouffées par le flot constant de blagues qui ratent leur cible.


En résumé, Disjointed avait tout pour être une comédie rafraîchissante sur un sujet encore peu exploré à la télévision. Malheureusement, la série s’égare dans une fumée de clichés et de blagues usées. Même avec Kathy Bates en tête d’affiche, elle peine à trouver le bon équilibre entre humour potache et réflexion plus profonde sur le monde du cannabis. Si tu cherches un show léger à regarder sans trop réfléchir, ça peut passer. Mais si tu espérais une comédie qui te ferait éclater de rire ou une satire sur la culture de la weed, Disjointed risque de te laisser sur ta faim… ou du moins, avec l’envie de changer de chaîne.

CinephageAiguise
5

Créée

le 22 oct. 2024

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