Deux amies inséparables. Et une très mauvaise idée.
Créée par Dolly Wells (Franklyn, the IT Crowd…) et Emily Mortimer (Our idiot Brother, Hugo, the Newsroom…), Doll and Em nous amène à suivre la « vraie » vie de deux amies inséparables installées à Los Angeles. Composée de 6 épisodes de 22 minutes, la série a été diffusée en février 2014 au Royaume-Uni sur la chaîne Sky Living, puis en mars sur HBO. De chaque côté de l’Atlantique, la série a réuni une moyenne de 7 millions de téléspectateurs. En France, la série a été diffusée fin avril au festival Séries Mania.
J’ai toujours eu un peu de mal avec les oeuvres comportant à la fois des éléments autobiographiques et des éléments de fiction, et ce pour pas mal de raisons. Parce qu’à chaque fois, la première question qui me vient à l’esprit, c’est de déterminer si tel détail est vrai ou inventé, ou s’il est vrai à la base mais a été enrobé / édulcoré pour que ça passe mieux à l’écran. Le fait que le spectateur se pose ce type de question casse – à mon sens – le côté authentique d’une oeuvre biographique, parce que l’adjonction de détails inventés casse le côté « vrai » de l’histoire pour des raisons pas toujours très heureuses; très souvent: pour que ça paraisse plus sensationnel, plus drôle… plus « quelque chose » et moins banal, et surtout pour bien montrer que l’oeuvre biographique n’est pas à la portée de tout le monde.
Le coeur de l’histoire de Doll and Em, c’est le maintient des liens avec les personnes chères et des différents facteurs qui peuvent décupler la difficulté à maintenir ces liens. La série nous montre avec un côté un peu tragicomique que l’amitié féminine est puissante, et notamment lorsque les deux protagonistes décident de s’engager sur une voie professionnelle susceptible de mettre en péril cette amitié.
Tout commence avec la dispute entre Dolly et son petit-ami à Londres. Sa première réaction ? Appeler sa meilleure amie Emily à la rescousse. Pour l’aider, elle propose à Dolly de venir la rejoindre à Los Angeles, et lui propose également de l’embaucher comme assistante personnelle en espérant qu’un nouveau travail et un nouveau départ puissent l’aider à se remettre de sa récente rupture. D’abord déracinée de son milieu et peu à l’aise, Dolly finit par s’habituer aux projecteurs, courtise un producteur, et conquiert les coeurs des gens avec lesquels elle est amenée à travailler, éclipsant parfois sans le vouloir quelques-unes des plus grandes victoires et réalisations de sa meilleure amie… Et très clairement, lorsque Dolly commence à faire de l’ombre à sa patronne et meilleure amie Emily, on sent que toute cette histoire risque de réellement mal finir… Et effectivement à partir de ce point de non-retour, leur amitié qui fonctionnait si bien dans le privé se met à battre de l’aile à cause de cette relation de subordination qui n’existait pas avant, et la tension s’installe progressivement entre les deux amies.
Le générique s’ouvre avec une photo de Dolly et Emily, très jeunes, à l’heure du bain. Deux copines d’école qui ont la vie devant elles et qui pourront en faire absolument ce qu’elles veulent. A plusieurs reprises, les deux jeunes femmes devenues adultes essaieront de recréer cette ambiance particulière, de renouer avec cette période où tout était fait naturellement et où elles ne souciaient ni des apparences, ni des artifices du show-business (puisqu’elles évoluent dans ce milieu). Chacune de ces scènes « sans paillettes » a quelque chose de vraiment authentique, appuyant ainsi un peu plus la satire d’un milieu impitoyable où le paraître et les apparences importent plus que la personnalité et la sensibilité. La série profite allègrement de l’amitié réelle qui unit ses deux co-stars, ainsi que de la chimie produite à l’écran par ces deux personnages. Un véritable plus dans le sens où il n’y a pas besoin de se forcer à les imaginer meilleures amies pour se laisser embarquer par la série, parce que le lien fort qui les unit est plus qu’évident.
Avec une justesse un peu perturbante, Doll and Em évoque également les thèmes du vieillissement et des angoisses liées à l’identité de ses protagonistes, qui échangeraient bien leurs places respectives. L’envie s’installe progressivement, puis l’agacement et la jalousie… et puis ça y est, l’animosité est là, avec en fond un message subliminal redondant à peu près équivalent à « travailler ensemble quand on est amies, c’est le pire des plans de carrière ! », avec un enfoncement de clou avec le générique de fin d’épisode « why can’t we be friends ? », du groupe War, au cas où le message ne serait pas complètement compris.
Doll and Em est une série touchante. Ce n’est pas tant cette relation qui s’effrite progressivement qui a monopolisé mon attention, mais plutôt la manière dont a été traité le sujet de l’amitié et de son évolution. J’ai ri, j’ai suivi les moments touchants le coeur serré… mais j’ai surtout apprécié cet équilibre subtil entre les deux. Une saison 2 ne me paraît pas obligatoire ou utile, cette saison 1 était amplement suffisante pour aborder correctement et sans redites ou longueurs inutiles les thèmes abordés.