Hugh Laurie EST le Dr House, il semble si bien comprendre son personnage que les deux ne font plus qu'un. Il joue si bien son rôle que vous ne pouvez pas vous empêcher de le détester et de l’aimer en même temps. Lui seul pouvait donner de l'empathie à un personnage qui sur le papier, est à ce point détestable. Vous voulez qu’il soit heureux, mais vous savez qu'il mérite tous les malheurs qu'il va endurer durant toute la durée de la série. Mais ce qui m’a le plus impressionné chez House, c’est qu'il reste le même du premier au tout dernier épisode de la série. C'est à la fois la force et les limites de la série, sa personnalité ne change pas d'un iota et ça ... en soi, c'est un exploit.
Le docteur Gregory House est à la tête du service de diagnostic à l’hôpital Princeton-Plainsboro dans le New Jersey. Son travail et celui de son équipe, consiste à résoudre des cas extrêmes, où la cause des symptômes du patient a échappé à tous les autres médecins. C’est un génie, avec un don rare pour la déduction et le diagnostic, ainsi qu'une passion (ou plutôt une addiction) pour la résolution d’énigmes. C’est aussi un homme aux méthodes peu orthodoxes et un personnage assez odieux, qui met délibérément (et avec succès) les gens de côté.
Le cœur de la série, c'est probablement la relation entre House et Wilson interprété par Robert Sean Leonard (aka le jeune Neil dans Le Cercle des poètes disparus). Tous mes moments préférés de la série tournent autour de leurs manigances folles, comme les poulets ... Ahhh, les poules du Dr House ^^ Gregory House & James Wilson, c'est clairement Sherlock Holmes & le Dr John Watson, la référence est évidente. Il y a aussi un peu de Columbo chez House. On sait qu'ils (House et Columbo) vont résoudre l'énigme à chaque épisode et l'intérêt n'est pas de savoir qui a fait quoi (dans Columbo on sait même dés le début qui est le criminel), c'est comment ils vont trouver la solution.
Dr House est une série intéressante et assez originale, au début tout du moins. L’idée de présenter un diagnostic comme un casse-tête est excellente, avec des indices à recueillir et à passer au crible, avant de passer à la déduction. J'ai une formation de biologiste et le corps humain m'a toujours fasciné. Malgré quelques approximations médicales et certains schémas (symptômes-diagnostics) qui se répètent trop souvent, j’ai trouvé le processus, les connaissances requises et le raisonnement qui le sous-tend, assez stimulant.
Cependant, après un certain temps la série s'enferme dans son schéma. Elle a du mal à échapper à un rituel que je trouve trop formel, rigide et peu propice à surprendre le spectateur. Vous savez exactement comment l’épisode va se dérouler à l'avance, le patient se présente avec un symptôme, House et son équipe le traite et il commence à se rétablir ... et c'est la rechute. Le processus recommence en boucle jusqu'à ce que House trouve la solution finale, moins de deux minutes avant la fin de l'épisode.
A chaque fois que l'équipe pense avoir trouvé le bon diagnostic, c'est alors que le patient développe un autre symptôme, souvent très mortel et très théâtral, par exemple cracher du sang (l’exemple le plus courant). Ensuite, c'est un va-et-vient entre différentes tentatives de guérison (généralement un médicament sur ordonnance) et l’aggravation du cas (ou des nouveaux symptômes qui apparaissent). Puis, juste au moment où tout le monde est sur le point de perdre tout espoir, House a une révélation lors d'une conversation futile, souvent avec Wilson ... et affaire résolue.
Pour l’empêcher de devenir totalement prévisible, la série développe toujours deux histoires en parallèle, le drame humain et le drame médical. Le drame humain implique souvent la vie personnelle du Dr House, bien qu’il puisse s’agir de la vie d’autres personnages de l'équipe médicale qui l'entoure. En général, ça se joue sur une saison entière, vous avez donc un peu plus d'implication émotionnelle pour House et pour son équipe, que pour les patients.
Les patients partagent également leurs petites histoires personnelles et ceux-ci fournissent souvent de bonnes réflexions sociétales. De plus, la fin n’est pas obligatoirement heureuse, ou tout du moins pas toujours. Pour deux épisodes ou trois par saison, on échappe au happy-end habituel, il y a donc une certaine variété à cet égard.
Comme pour de nombreuses séries télévisées, Dr House a finalement souffert sur la durée et fait la saison trop. Vers la moitié de la saison 7, vous pouviez voir que les scénaristes étaient à court d’idées nouvelles. Les histoires personnelles de House et Cuddy deviennent inutilement complexes, histoire de faire durer le couple ... mais on le sait bien, que tout ça, ça ne peut que finir mal. Les scénaristes repoussent au maximum l'inévitable, c'est à dire la rupture entre House et Cuddy, pour étaler tout ça sur une saison entière. La série est donc en manque d'élan et il est temps d'en finir ... mais non, ce sera reparti pour une saison 8, la saison finale.
La dernière saison, la saison 8, est de très loin la pire saison de Dr House. Pour commencer, pas de Cuddy, introduction du Dr Chi Park qui est probablement le personnage récurrent le plus exaspérant de toute la série (bien qu’elle devienne plus supportable au fil de la saison), introduction du Dr Jessica Adams qui est probablement la plus belle plante verte (et inutile) de toute la série et Foreman qui devient le patron de House (le gars qui veut être calife à la place du calife). House et Wilson ont leurs moments, mais au final la saison 8 ressemble plus à une corvée qu’à un bon divertissement.
Sur la durée, la personnalité de House nuit à la série. La majorité du temps la formule est très divertissante, mais de temps en temps, vous voulez un peu plus de positivité, de bienveillance et de gentillesse, mais n'espérez pas voir un semblant de tout ça dans Dr House. Dans l’ensemble, Dr House est un très bon drame médical, mais certainement pas la série médicale parfaite.