J’ai débuté cette série avec des attentes assez vives et peu mesurées. Etant amateur de récits à la narration particulièrement centrée sur le développement psychologique des personnages, cette tentative en 35 épisodes de combiner fiction filmée et analyse avait tout pour m’allécher. Quoi de plus riche, plus complet pour un personnage que de faire face à son ombre au cours de l’activité de la séance thérapeutique ? Et surtout, l’art du film allait-il être mis habilement à la disposition de cette séance ? Jeu de mot que les publicitaires de la série ne se sont d’ailleurs pas gardés d’utiliser pour faire la promotion du show sur les affiches. Jeu de mot aussi simple que la capture de la vulnérabilité des personnages est complexe.
Une série aussi simpliste sur la forme que compliquée sur le fond, finalement. Nous suivons les aventures du psychanalyste Philippe Dayan, sobrement interprété par Frédéric Pierrot, dans les séances de thérapie journalières qu’il propose. Son gagne-pain. 60 à 80 euros la séance. Une routine. Des discussions, encore et encore. Du champ-contrechamp. Où est le frisson dans cette répétitivité ? Où est le changement, la progression ? Où est la magie ?
En Thérapie, c’est une histoire de fantômes et de signes. De fantômes qui veulent posséder, qui veulent montrer qu’ils existent. Qui toquent à la porte de châteaux de pierres construits depuis des années. Sous des portraits de personnages finement brossés - notre cher Philippe inclus - se cachent des trésors de richesse. Dans la lenteur, le dialogue, apparaissent les esprits, les spectres. Et ce à double sens – le fauteuil n’étant pas mieux loti que le divan. Le cabinet n’est qu’un théâtre où les ombres portent des masques. La magie intervient quand la mascarade cesse et que les fantômes se dévoilent. Un travail de longue haleine. Mais quand les masques tombent, les émotions entrent également dans la pièce. L’amour, vers autrui ou propre, la déception ou le chagrin. Un véritable feu d’artifice humain, un parcours de découverte et d’intimité. Et à celui qui sait regarder d’un œil habile, les signes apparaissent très vite.
Finalement, la série nous place en position de psy. En psy du psy, en psy des patients. Même si nous, spectateurs, n’avons qu’à observer, contrairement à Philippe Dayan. Qu’à regarder les pièces des différents puzzles se mettre en place, avec hâte, anxiété, bonheur et soulagement. Les fantômes continuent de toquer aux portes, cependant. Le désir et la destinée continuent de se croiser tumultueusement.
Coup de cœur pour le personnage d’Esther, interprété par Carole Bouquet, un véritable symbole de prestance. Je pose sans regret dix points brillants.