Esterno Notte
7.2
Esterno Notte

Série Arte, Rai 1 (2022)

Je me suis permis de reprendre le commentaire de Télérama en titre sur cette série italienne qui retrace les événements liés à l'enlèvement et à l'assassinat du député Aldo Moro en 1978, qui avait profondément marqué l'Italie. Car cette série est une vraie réussite. A tous points de vue.

Que ce soit la réalisation millimétrée de Marco Bellocchio, appuyée sur son scénario ciselé avec finesse et précision, la qualité des images, le soin porté aux décors et costumes, la musique choisie avec pertinence, le casting parfait et une interprétation au cordeau, rien n'a été laissé au hasard. Rien ! Que ce soit les scènes intimistes dans l'appartement familial, les scènes qui nous plongent au cœur de la papauté, dans les coulisses du pouvoir, ou autour des brigades rouges, à aucun moment, on ne ressent une fausse note. Marco Belloccio a soigné les détails à un niveau pointilleux pour ne pas trahir la réalité, (comme la cilice du pape !), bien que dans le générique du début, il prenne la peine de préciser avec une certaine ironie que toute ressemblance avec les événements de l'époque ne serait que fortuite... Bigre !

En analysant tour à tour au fil des épisodes, les comportements des différents protagonistes, on est plongé dans cette intrigue sans en perdre un morceau.

L'œil de la caméra nous dévoile au fil de l'eau l'hystérie des révolutionnaires idéalistes, la fébrilité d'un pape malade, la folie de Cossiga (déconcertant Fausto Russo Alesi) , le ministre de l'Intérieur paranoïaque et obsessionnel, la couardise du premier ministre de l'époque, Guilio Andreotti, pitoyable et mesquin, et la forte personnalité de l'épouse d'Aldo Moro, Eleonora (sublime Margherita Buy), digne, forte, lucide et déçue par le pouvoir.

L'interprétation d'Aldo Moro par Fabrizio Gifuni est étonnante. On le sent habité et dans le dernier épisode, il nous fait approcher l'humanité de ce responsable politique, enjeu d'un mortel chantage et mort pour finalement peu de résultats.

L'intégration d'images de l'époque dans le récit de la série est particulièrement bien fait, ce qui ne gâche pas notre plaisir. Et le placement de la caméra au cœur des échanges entre les terroristes, la capture de leurs états d'âme, la justesse des dialogues et la sensibilité de leurs émotions nous montrent que certains choix politiques faits dans l'insouciance de leur âge de jeune adulte conduisent souvent dans des impasses dramatiques.

Une réussite totale et une série que je ne peux que vous recommander.

A voir et c'est sur ARTE

Eric-ROBINNE
9
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Créée

le 14 mars 2023

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Eric ROBINNE

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