Spleen et Idéal
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S'il faudrait trouver un qualificatif à la série, il serait de l'ordre du superlatif. Tout y est "trop". En anglais on pourrait dire too indulgent : complaisant, comme un gros gâteau qu'on s'offrirait par pure gourmandise.
Euphoria aime se regarder le nombril. Mais elle fait avec une telle maîtrise qu'on ne peut que s'incliner. Rien, de l'esthétique (maquillage et costumes aux empiècements...minimaux) à la narration ne nous épargne. Et ça fait du bien. Elle se veut le miroir grossissant d'une époque, ou en tout cas d'une génération, certes désoeuvrée mais toujours encline à la narration de son ennui ou de sa détresse.
Ce qui est appréciable avec Euphoria, qu'on retrouve moins chez ses contemporain(e)s, c'est une esthétique presque baroque, qui nous dit en substance que le vrai émerge de l'artifice. Les deux épisodes finaux de la saison 2 en sont un très bel exemple : le théâtre, la mise en abyme qu'il offre, les parallélismes floutés avec la réalité (enfin, la réalité qui nous est donnée à visionner), sont autant d'artifices qui permettent aux personnages d'accéder à une forme de vérité (et de catharsis, mais c'est un autre sujet).
Ce parti pris esthétique est notable car il dénote de ce qui me semble être une certaine esthétique cinématographique contemporaine, cantonnée à une approche post-post-post moderniste tournée vers l'épure et le dépouillement - à croire que si l'on veut produire du cinéma ou de la télévision exigeante, il faudrait adhérer aux partis pris susmentionés pour être pris au sérieux ?
Il me semble que c'est la raison pour laquelle cette série suscite autant de remous. Les invectives répétées envers le corps filmé de Sydney Sweeney sont intéressantes en ce qu'elles retranscrivent tout à fait le discours de l'époque : peut-on encore filmer un corps de cinéma sans en faire un corps politique ?
Créée
le 8 mars 2022
Critique lue 59 fois
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