Euphoria
7.8
Euphoria

Série HBO (2019)

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Maintenant que le temps est passé et que de l'eau a coulé sous les ponts, il est temps de proposer une analyse de la saison 2 d'Euphoria, série HBO la plus retweeté de l'histoire qui voit un groupe d'adolescents se débattre dans les méandres de l'adolescence.

Force est de constater que deux longues années ont passé entre les deux saisons réalisés par Sam Levinson et que sa petite troupe d'adolescent estampillé GQ ont eut le temps de devenir des stars interplanétaires faisant rêver n'importe quel Tik Toker.

Ce qui nous donne un des premiers axes de réflexions quant à ce qu'a produit l'effet de cette seconde saison sur moi.

En effet, dans cette saison 2, Euphoria déconstruit tout ce qu'elle met en place dans la saison 1, c'est-à-dire tout son côté underground et brut de décoffrage que nous offrait la saison 1 qui voyait l'éclosion de 2 icônes, Zendaya et Hunter Schafer.

Alors peut-on reprocher le succès d'une œuvre ? Au plus profond de soi, la réponse est oui. Nous aurions tous aimé qu'Euphoria reste cette série brute de décoffrage et peu connue du grand public que l'ont pouvait citer dans n'importe quelle dîner et se faire mousser le temps d'un instant sur notre moyenne cinéphilie.

Aujourd'hui devenu succès planétaire, la série de Sam Levinson a perdu son aspect furtif proche du braquage qu'offrait la saison 1 pour laisser place aux placements de produits de n'importe quelle marque un peu trendy (Hello Jacquemus).

Il est amusant, et même dommageable que Zendaya se retrouve à l'affiche de créations hollywoodienne (Euphoria et Spiderman : No Way Home) qui souffrent tous les deux des mêmes maux de notre société : Le fan service.

Le point de départ du dernier Spiderman étant parti de la popularité d'un "GIF" qui avait fait le buzz sur twitter montrant les 3 Spider-man se pointer du doigt et qui, par son succès sur la twittosphère, avait donné l'idée aux studios Marvel de regrouper les anciens Spider-man au sein d'un même film.

Nous sommes un peu dans le même cas de figure ici avec Euphoria, qui n'a eu de cesse, tout au long de la saison 2, de surfer sur la tendance qu'offre les réseaux sociaux pour développer son intrigue.

Les acteurs étant tous devenu des superstars aux nombres d'abonnés qui donnent le tournis, on sent que l'espace cinématographique doit être redistribué proportionnellement à ces chiffres.

Il faut donc qu'on arrive à doser entre le temps d'écran donné à Jacob et celui qui sera attribué Lexi pour ne pas décevoir la fanbase de l'un ou de l'autre ce qui pourrait, au grand malheur des nouvelles productions hollywoodiennes, détacher le spectateur de son écran. Tout le monde doit croquer dans l'immense gâteaux plein de crème.

Ce qui fait que nous avons affaire à de nombreux personnages secondaires qui n'ont pas le temps d'être développé à cause de ce souci d'équité. Le fan est servi, mais que lui reste-il?

Lorsqu'on nous sommes dans une optique de devoir donner à tout le monde, il faut donc aller vite, car pendant 50 minutes, il n'y a pas le temps d'avoir le temps. Apothéose de cette idée par l'emploi de flash-back inutiles mais terriblement efficace pour retranscrire rapidement des éléments de scénarios s'étant déroulés dans le passé.

Alors que reste-t-il au spectateur une fois qu'il a été servi ? Une fois qu'il a pu se vanter d'avoir reconnu la dernière robe d'un grand couturier vêtir son héroïne préférée ? Celle qui se drogue ou qui baise comme elle ou lui ? Celle qui lui ressemble le plus ?

Par cette volonté de séduction du spectateur, on peut se permettre de faire passer n'importe quelle couleuvre comme une fusillade désastreuse, ou un épisode entier de course-poursuite ou Rue, sous emprise, réussi à échapper à la police et s'infiltrer dans une villa, puis en ressortir grâce à des galipettes faisant passer Michael Scott pour un roi dur "Parkour".

A toujours vouloir insister sur la performance d'acteurs et à toujours vouloir mettre plus de sanglots, de morves, de paire de seins dans chaque scène, on en oublie de raconter une histoire.

Il serait scandaleux de décrire Euphoria comme une série naturaliste par le simple argument qu'elle met à nu l'adolescence. Non, Euphoria ne dénude pas l'adolescence mais au contraire, elle ne cesse de lui rajouter des couches de superficiel qui feront sans doute rêver les plus aliénés d'entre nous.

Les deux épisodes qui étaient sortis avant la saison 2 exploitaient pourtant le bon filon en posant la caméra et en prenant leur temps de s'intéresser aux personnages et à leurs pensées, ce que ne fera jamais la saison 2.

Alors, une fois que nous avons été plongés dans ce carrousel désenchanté qui tourne sur lui-même à pleine vitesse, que nous reste-t-il ?

Pour moi, ce sera quelques titres Shazam mais surtout l'oubli.

Dudonabendo
3
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le 13 mars 2022

Critique lue 632 fois

2 j'aime

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