Extras, c’est un peu comme si vous preniez l’industrie du cinéma, que vous passiez le projecteur sur les figurants en arrière-plan, et que vous les laissiez naviguer dans des situations aussi embarrassantes qu’hilarantes. BBC Two nous offre ici une comédie grinçante où Ricky Gervais incarne Andy Millman, un acteur raté qui rêve de gloire mais passe son temps à jouer des rôles aussi insignifiants que son agent est incompétent.
L’humour d’Extras, c’est le malaise. Andy, convaincu qu’il est un génie incompris, enchaîne les gaffes et les scènes gênantes dans sa quête désespérée pour devenir une star. Le truc, c’est que le showbiz n’a absolument pas l’intention de le traiter comme une star. Ses tentatives pour briller finissent souvent en échec cuisant, et chaque "petit rôle" qu’il décroche semble plus insignifiant que le précédent. C’est un spectacle fascinant où Andy se heurte aux réalités d’une industrie qui le considère comme de la décoration, un simple figurant dans un monde qui ne se préoccupe que des premières places du générique.
La vraie cerise sur le gâteau de cette série, ce sont les caméos. Gervais a réussi à attirer un casting de stars qui, chaque épisode, viennent jouer une version parodique (et souvent totalement déglinguée) d’eux-mêmes. On y retrouve des icônes comme Kate Winslet, Patrick Stewart, Daniel Radcliffe, et même David Bowie. Chacun d’eux se ridiculise joyeusement, donnant l’impression que le showbiz est peuplé d’égoïstes, de mégalos, et de personnes complètement déconnectées de la réalité. Mention spéciale à Kate Winslet, qui vient faire de l'humour grivois habillée en nonne, et à Patrick Stewart, obsédé par l’idée de produire un film où il peut contrôler… tout, même les vêtements des autres.
L’autre personnage incontournable de la série, c’est Maggie, la meilleure amie et partenaire d’infortune d’Andy. Elle est tout aussi naïve et maladroite que lui, mais avec un talent certain pour dire des choses horriblement inappropriées au pire moment. Ensemble, ils forment un duo à la fois attendrissant et catastrophique. Andy, avec son cynisme, se retrouve constamment pris dans des dilemmes moraux tandis que Maggie semble n’avoir aucun filtre, ce qui l’amène à poser des questions embarrassantes aux célébrités sans jamais s’en rendre compte.
Mais Extras ne se contente pas d’empiler les moments gênants pour le plaisir de l’humour. La série critique ouvertement l’absurdité et la superficialité du showbiz, montrant comment le monde du divertissement peut broyer les rêves de ceux qui n’ont pas le bon réseau ou le look du moment. Andy aspire à des rôles sérieux, à une carrière de respectabilité… mais chaque fois qu’il touche quelque chose qui ressemble à du succès, il se retrouve piégé dans des émissions stupides ou des rôles qui le réduisent à un stéréotype. C’est une satire douce-amère, qui, sous ses blagues, pointe les sacrifices que l’on doit parfois faire pour être vu dans cette industrie.
Visuellement, la série adopte un style simple et sans prétention, qui colle parfaitement au ton. Pas de décors flamboyants ni d’effets spectaculaires : on est dans les coulisses, dans les loges, sur des plateaux où tout semble bricolé. Le monde du cinéma, dépeint ici, est loin des paillettes et du glamour. C’est un univers de lumières artificielles, de scènes répétées sans fin, et de figurants qui essaient de ne pas s’endormir entre deux prises.
Bien sûr, Extras n’est pas pour tout le monde. Son humour de malaise, son rythme lent et ses personnages souvent exaspérants peuvent désarçonner. Il faut apprécier le plaisir coupable de regarder quelqu’un s’enfoncer à chaque tentative de se faire un nom. Andy n’est ni un héros ni un personnage qu’on admire ; il est aussi pathétique que drôle, et ses ambitions se heurtent constamment à la dure réalité de sa condition de figurant. Mais si vous aimez l’humour décalé, les répliques acérées, et les satires qui n’ont pas peur de se moquer du monde qu’elles dépeignent, Extras est une pépite à savourer.
En résumé, Extras est une série qui, sous ses airs de comédie, dévoile un monde du divertissement où les rêves de gloire se heurtent aux humiliations et aux compromis. Entre les caméos délirants et les moments de gêne pure, la série nous rappelle que même les plus petits rôles peuvent briller... ou sombrer dans le ridicule. Alors, si vous êtes prêt à suivre les mésaventures d’un acteur raté qui pense être la prochaine star, installez-vous confortablement et laissez-vous emporter dans cet univers où le succès semble toujours à portée de main, mais reste désespérément hors d’atteinte.