Andy Millman (Ricky Gervais) et son amie Maggie Jacobs (Ashley Jensen) enchaînent les figurations et espèrent follement décrocher au culot une ou deux lignes de dialogue. Andy a lâché son boulot pour devenir un acteur connu et respecté. Malheureusement pour lui son agent incompétent, Darren Lamb (Stephen Merchant), préfère vanter les mérites de son second client « Barry d’East enders » (Shaun Williamson). Andy Millman vogue dans un milieu redoutable où l’humiliation dispute la médiocrité. Lorsqu’il pense être aux portes du succès, la BBC ne tardera pas à mettre fin à ses folles ambitions.
Les portraits des grandes vedettes trouvent un écho dans la condition misérable des figurants. Ricky Gervais s’attache à démonter la quasi aura des acteurs populaires par des descriptions souvent ridicules parfois féroces. Pour les premières je retiens Kate Winslet et ses conseils conjugaux ou Daniel Radcliffe tentant de jouer à l’adulte qu’il n’est pas. Pour les seconds le comédien Les Dennis, peu connu ici était un incontournable du petit écran anglais qui connaîtra une traversée du désert avant de rebondir grâce à la version célébrité de Big Brother. Son épisode est un morceau sublime et d’une auto-dérision féroce, qui peut fasciner autant qu’il rebute par son réalisme grinçant. Les figurants sont maltraités par des vedettes à l’égo démesuré (Clive Owen, Orlando Bloom). Quand elles ne sont pas imbuvables les stars frôlent le pathétique comme lors du cours magistral donné par Ian McKellen. De même lors des tournages, à chacun sa fonction, à chacun sa place et sa cantine.
La deuxième saison est le manifeste comique de Gervais. Andy évoque le malaise de l’auteur face aux sitcoms à succès, critiquant au passage sa propre chaîne. Gervais ne se gêne pas pour désigner clairement ses cibles, en tête The League Of Gentlemen et Little Britain. Rejetant le comique efficace par les déguisements ridicules et les répliques cultes. La charge est violente, Gervais définit clairement cet humour comme étant fainéant et vulgaire. Il oppose la médiocrité des séries aux personnages faciles à sa conception intellectuelle et réaliste de l’humour. Pour ma part cette compétition n’a pas lieu d’être et je n’aime pas classer les genre, d’ailleurs le plan sur le public et les idiots avec les t-shirt ornés de ses répliques tant hais est assez violent quand on apprécie les comédiens visés. Heureusement derrière la charge est filmée la chute d’un homme fou d’espoir.
Andy a quitté son travail pour percer dans la comédie, Maggie vit chichement dans l’attente du rôle qui lui apportera respect et conquêtes. Ils se sentiront autant physiquement que moralement rejetés du star-system décrit comme un entre-soi vachard. La célébrité tue les liens, les amitiés et l’authenticité. Andy aura tout perdu, sauf son honneur dans un sursaut de fierté. Gervais s’offre une parfaite tribune tout à la fois drôle et cruelle, où il n’épargne rien ni personne et surtout pas lui. Extras navigue entre malaise et drôlerie dans un équilibre délicat et parfaitement maîtrisé où chacun sait rire de soi et de sa profession. L’épisode spécial est une parfaite conclusion à ce cauchemar éveillé.
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