The New Statesman
8.2
The New Statesman

Série ITV (1987)

La grande et féroce satire taillée pour Rik Mayall

Alan B’Stard (A prononcer « be-stard », rien à voir avec l’insulte « bastard », RIEN) est un tory, un pur, le plus extrême des parlementaires ayant la plus large majorité. Il est beau, jeune, ambitieux et brillant orateur. Et ça tombe bien car il a autre chose à foutre que de défendre la populace. Voyez Alan est une belle salope. Capable de tout si la situation lui permet de gagner encore un peu plus de pouvoir et d’argent. Parfois une aventure au détour d’un couloir, 15 secondes grand maximum, le temps importe peu quand on a la chance de coucher Alan. Mme Sarah B’Stard (Marsha Fitzalan) se fiche de son mari comme peuvent en témoigner le jardinier, son agent ou une collègue d’Alan. Dommage que le beau-père soit un membre éminent du parti Conservateur. Heureusement Alan a tout loisir de passer ses nerfs sur son abruti d’assistant parlementaire, Piers Fletcher-Dervish (Michael Troughton) un incapable dotée d’une naïveté touchante.


The New Statesman aura 30 ans l’année prochaine et son impertinence s’inscrit encore parfaitement dans le conservatisme et l’Europe actuels. Il est incroyable de voir les nombreuses résonances avec notre classe politique contemporaine. Pour rappel la série est censée véhiculer une critique féroce du Thatchérisme à travers un personnage exécrable et caricatural à souhait. La série est à ce jour une des meilleures réussites de la chaîne grâce à une audience phénoménale. Si la qualité de l’écriture est à souligner elle vaut autant pour son interprète principal. Rik Mayall y est MAGNIFIQUE. Dans tous les sens du terme. Rik jouit déjà à l’époque d’une belle popularité et le public redécouvre un comédien en terrain conquis, plus apaisé et excellent acteur (d’une beauté…).


Évidemment The New Statesman n’est pas une critique fine et nuancée de la vie politique britannique. Le propos est volontairement grossier, frôlant l’absurdité. L’humour navigue entre réplique mordante et trouvaille visuelle. A priori satire politique et slapstick violent n’est pas une association évidente, c’est sans compter l’exceptionnelle performance de Rik Mayall. Il accommode à merveille la violence visuelle sous des dehors charmants et trouve le parfait équilibre pour animer son B’Stard d’une délicieuse et douce folie destructrice. A peine reconnaissable, Rik se calme, son visage élastique est un magnifique terrain de jeu, même s’il continue de prendre des coups sur le museau et un pied dans les couilles, pour notre plus grand plaisir.


La série est exclusivement centrée sur Alan. Ainsi l’intrigue consiste souvent en l’élaboration d’une machination sans pitié toujours pensée avec un coup d’avance par ce cher B’Stard. Son idéologie sonne souvent comme un édito du Daily Mail et ses manoeuvres rappellent la mauvaise foi du politique lorsque vient le temps des élections où chacun tente de sauver son petit siège de député. B’Stard en vient par exemple à soutenir le Labour en sous main pour qu’une fois au pouvoir il soit accusé de l’échec économique initié par les tories. La dernière saison Alan et ses mauvaises habitudes prennent leurs quartiers à la Commission Européenne à Bruxelles. De là il va littéralement pisser sur Westminster, intriguer pour l’éviction d’un traducteur qui refuse de rendre lisible une revue porno française ou verser un pot-de-vin ridicule aux communistes pour les reliques d’Hitler. L’Europe est déchirée par la violence des néo-nazis face aux réfugiés et Alan s’apprête à reprendre la route vers Londres à la tête d’un nouveau parti patriotique anti-Europe qui amène à la scission du parti Conservateur. Ahemmm….


Difficile de trouver sa place face au fascinant voleur de scène qu’est Rik. Le casting malin surjoue juste ce qu’il faut, les personnages sont cruels ou très cons avec cette pointe de modération qui leur évite d’être insupportables sans pour autant attirer notre sympathie. La composition de Michael Troughton est à ce titre géniale. Piers est un idiot né dans la bonne famille. Il est la victime permanente d’Alan sans que cela soit injuste aux yeux du téléspectateur. Marsha Fitzalan se délecte de la perverse nymphomane qu’est Sarah B’Stard. Faussement distinguée et manipulatrice hors pair Sarah est le pendant féminin d’Alan. Les seconds rôles complètent parfaitement la galerie de politiques et haut-fonctionnaire rebutants. A noter l’apparition de Stephen Fry en journaliste économique et capitaliste convaincu et Hugh Laurie le pauvre serveur d’un restaurant arborant des portraits de Mussolini.


Il fallait bien le trio Gran/Marks/Mayall pour démonter la politique britannique. Alan B’Stard est une création virulente et impressionnante et l’écriture, si folle soit-elle, reste toujours d’actualité tant pour son ton que sur les faits. A voir et revoir absolument !


Vous pouvez retrouver un hommage et portrait de Rik Mayall sur mon blog. Un génie comique et artiste généreux : https://dismoimedia.com/2016/06/19/rik-mayall-hommage-a-lartiste-genereux-et-genie-comique/

AmMy
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le 16 juin 2016

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