Ici on ne parle pas de série mais de soaps. Mieux : on parle de soaps ultra clinquants des années 80, diffusés en prime-time ou en deuxième partie de soirée aux USA. Le but n’était pas de jouer la carte d’un quelconque huitième art mais plutôt d’en donner pour son argent à la ménagère et sa famille, en matière de rebondissements, de péripéties et de romances voire de triangles amoureux.
Alors, oui Falcon Crest c’est Dallas ! Sauf que la Lorimar, qui produit les deux shows, a remplacé les barils de pétrole par les tonneaux de vins. Bye-bye le Texas et direction donc la Californie dans l’empire viticole de Angela Channing qui va devoir se coltiner et affronter Chase Gioberti, un neveu aussi bienveillant qu’elle est cynique et redoutable en affaires. Jusque là rien de très neuf.
Si ce Dallas avec des grappes n’a pas à avoir honte de ses 9 saisons, elle n’aura jamais le succès de son modèle, ni même celui de sa grande rivale Dynasty, mère de tous les excès.
Pour autant, ses producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens. En nous servant même un casting qui ne sent pas la piquette. Aux Joan Collins, Rock Hudson, George Hamilton et Ali McGraw de Dynasty, Falcon Crest oppose une armée conséquente de vétérans de Hollywood. A sa tête, Jane Wyman - un Oscar, 4 nominations -, qui dans le rôle de la redoutable Angela, casse son image de reine des mélos dans lesquels elle incarnait à merveille la gentille héroïne malmenée par cette chienne de vie. De plus, l’actrice débarque sur CBS alors que son premier époux, un certain Ronald Reagan, s’installe sur le trône du monde. Quel millésime que cette cuvée 1981 ! Derrière elle, Lana Turner, Mel Ferrer, Kim Novak, Gina Lollobrigida, Robert Stack, Cliff Robertson, Celeste Holm, Cesar Romero, Ursula Andress, Leslie Caron et Rod Taylor viennent glamouriser le générique de la série. Mais ce casting bling-bling sera en réalité le seul excès notable de Falcon Crest.
Certes, comme ses consœurs, la série s’est faite maîtresse en matière de cliffhangers. Et jamais les questions « Qui va mourir ? Qui va survivre ? » n’auront été aussi légitimes. Crash d’avion, tremblement de terre, accident de voiture dans la baie de San Francisco... les personnages de Falcon Crest ont vu leurs nerfs mis à rude d’épreuve. Oui mais voilà, ces cliffhangers n’atteindront jamais le niveau médiatique du « Qui à tiré sur JR ? » de Dallas ou du « Qui va survivre au massacre du mariage moldave ? » de Dynasty.
Et c’est bien ça l’inextricable problème de Falcon Crest : avec des moyens et des intrigues dont aucun créateur de soap n’aurait rougi, cette saga ne parviendra jamais à sortir du rang, se cantonnant à rester un bon vin de table. Ni plus ni moins.