Dans Le Suspect, construit comme un thriller, rien ne se passe vraiment comme on le pense au départ. Non pas que ce film noir soit particulièrement original mais les choix de mise en scène de Robert Siodmak parviennent toujours avec intelligence à nous faire sortir justement du simple thriller.
Déjà parce que Siodmak ne s’attache pas à décrire les meurtres et leur donne vie autrement. (Notamment dans une formidable scène de reconstitution). Et puis, parce que contrairement aux autres thrillers, il réussit à susciter de l’empathie pour ce meurtrier dont on finit par espérer qu’il échappe aux griffes de Scotland Yard.
D’ailleurs le centre d’intérêt de ce film, c’est avant tout son personnage principal Marshall, porté avec conviction par le formidable Charles Laughton. Un personnage qui sort des sentiers largement battus par le film noir. Un type sans histoire, la cinquantaine, profondément bon, qui va voir renaître dans une vie banale, l’espoir d’une histoire d’amour à laquelle Siodmak parvient à nous faire croire.
Mentions spéciales aux seconds rôles et notamment Henry Daniell en voisin alcoolique, lâche et violent et Rosalind Ivan en ignoble épouse acariâtre.
Laissez-vous tenter par ce film dont même la fin ne ressemble à aucune autre.