The Falcon and the Winter Soldier promettait bien malgré lui de se limiter à un buddy movie mou de genou et pollué par l'humour balourd dont Marvel a parfois le secret.
Le deuxième épisode de l'entreprise pouvait donc suffire à envoyer la série aux oubliettes, comme beaucoup de pourfendeurs du MCU l'on d'ailleurs fait. C'est vrai que ce duel de regards, appuyé, bêta, totalement hors sujet, avait de quoi faire lever les yeux au ciel.
Sauf que l'incarnation du mythe Captain America transcende tous les enjeux et les simples noms des deux super mis en scène, tandis que, petit à petit, les méchants défilent à l'écran et acquièrent une certaine part d'humanité en nuançant quelque peu leur fonction.
Ainsi, à l'heure des comptes, il s'agit bien de se souvenir des chemins parcourus par Karli Morgenthau et John Walker, en pleine quête d'identité, incarnant les deux visages d'un même fanatisme meurtrier. Deux méchants plutôt bien travaillés et réussis par ailleurs, qui n'ont pas à rougir face aux deux rôles-titre.
Et même si Falcon et le Soldat de l'Hiver ne mise sur aucune originalité, comme a pu le faire WandaVision pour se lancer, l'aventure se suit sans grande difficulté en posant, au fur et à mesure de son évolution, la question du visage de l'Amérique. Car bien plus que le porteur du bouclier, c'est bien l'héritage, l'imagerie, la relation à la force, les angles morts, les mensonges et les compromissions que la série sonde. Mais à la mesure d'une série télé, avec toutes ses contingences et ses passages obligés.
La fin de l'entreprise en est ainsi symptomatique. Oui, Sam Wilson lance un défi à son pays, en embrassant les aspirations altruistes de son mentor tout en imposant sa différence la plus évidente, qui dérange et qui ne saurait encore aujourd'hui représenter l'Amérique dans son entier. Il sera à ce titre intéressant de voir comment Marvel fera fructifier ce début d'adaptation de l'arc comics Not my Captain America.
Mais en faisant sauver, finalement, une bande de politicards véreux à ce nouveau Captain America, quel est le message autre que celui de l'asservissement à la réalité, alors que Steve Rogers, lui, n'avait pas hésité à entrer dans la clandestinité et à défier l'ordre établi par les accords de Sokovie ?
Quel message tirer de ce qui est, déjà, le premier échec de ce Captain America new look, qui n'a pas réussi à sauver une méchante qui l'était somme toute moins que quelques autres ?
La série se terminera cependant dans un sourire, celui qui est coutumier, le temps d'une fête et de la réunion des gentils et de leur entourage immédiat, dont les problèmes sont invariablement résolus. Mais comme le pays dont il est issu, Falcon et le Soldat de l'Hiver se voile la face. Car, comme le souligne Sam Wilson, une autre entité qualifiée de terroriste prendra la relève des idéaux de Karli Morgenthau, tandis que les puissants qui ont été sauvés continueront de dormir tranquille. Car la prise de conscience ne sera qu'éphémère, bien sûr.
Quant à imaginer que les USA nourriraient encore des ennemis de l'intérieur...
Sans doute ces quelques réflexions sont issues d'un improbable accident, ou encore d'une juxtaposition malheureuse de scènes légèrement schizo, mais elles ne sont cependant pas le moindre des intérêts de cette deuxième série made in MCU...
Behind_the_Mask, l'héritage dans les nuages.